« On a le sentiment d’être face à des décideurs qui ont une vision complètement archaïque de la pédiatrie. Et on risque de fragiliser de manière considérable les services d’urgence pédiatrique si cette réforme entre en vigueur en l’état », prévient le Pr François Angoulvant, président du Groupe francophone de réanimation et d’urgences pédiatriques (GFRUP). Comme lui, de nombreux responsables de la pédiatrie s’inquiètent d’une vaste réforme du financement des urgences, qui doit commencer à s’appliquer au 1er janvier 2022. « Le but est de faire en sorte que les urgences ne soient plus financées uniquement en fonction de leur activité. Avec cette réforme, 60 % du financement se fera sur une base populationnelle, avec des enveloppes distribuées au niveau régional avant d’être rétrocédées aux établissements », explique le Pr Angoulvant.
Un forfait unique que devra acquitter chaque patient
À l’avenir sera instauré un forfait unique de 18 € que devra acquitter chaque patient aux urgences. « Pour le reste, environ 40 % du financement reposera sur l’activité, à partir d’un tarif de base indexé sur l’âge. Les tarifs ont été fixés à 27,90 € pour les soins à des enfants de moins de 16 ans, 35,74 € pour les patients de 16 à 44 ans, 41,73 € pour ceux de 45 à 74 ans et 50,02 € si le patient a 75 ans ou plus. Et ces tarifs s’appliqueront quel que soit le niveau de sévérité du patient », détaille le Pr Angoulvant. « À sévérité égale, une consultation pour une fièvre, un traumatisme aigu ou un problème respiratoire chez un patient de 52 ans donnera une contrepartie financière 50 % plus élevée que pour un enfant de 3 ans », ajoute-t-il, reprenant un exemple cité dans une tribune publiée en octobre dans les colonnes du Monde en compagnie des Prs Robert Cohen et Christèle Gras-Le Guen.
Ces médecins affirment ne pas être opposés à l’objectif global de la réforme, visant à permettre une meilleure prise en charge des personnes âgées aux urgences. « Le problème est que cela va se faire au détriment des enfants. On peut rappeler que 6 millions d’enfants et adolescents passent chaque année aux urgences, soit 30 % des 22 millions de personnes qui sont accueillies dans ces services. Et ce que nous ne pouvons accepter est le fait que la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) a élaboré cette réforme sans jamais consulter le moindre représentant de la communauté pédiatrique. Et malgré nos mises en garde répétées, elle continue à faire la sourde oreille sans prendre conscience que c’est l’avenir de tous les services d’urgence pédiatrique qui se joue ici ».
Exergue : La Direction générale de l’offre de soins (DGOS) a élaboré cette réforme sans jamais consulter le moindre représentant de la communauté pédiatrique
Entretien avec le Pr François Angoulvant (hôpital Robert Debré), président du Groupe francophone de réanimation et d’urgences pédiatriques (GFRUP)
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?