Les biothérapies de l’asthme en vraie vie

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Publié le 30/09/2022
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De nombreuses études des biothérapies en vraie vie ont été présentées, notamment le mépolizumab (anti-IL5) et le dupilumab (anti IL-4 et anti IL-13) disponibles pour les patients atteints d’asthme sévère réfractaire à éosinophiles.
Le groupe atteint de polypose nasale répond particulièrement bien au traitement

Le groupe atteint de polypose nasale répond particulièrement bien au traitement
Crédit photo : phanie

Realiti-A est une étude observationnelle de cohorte internationale, prospective incluant des patients atteints d’asthme sévère, débutant un traitement par mépolizumab (1). 822 patients ont été inclus. À deux ans, 73 % recevaient toujours le mépolizumab.

Le taux d’exacerbations cliniquement significatives par rapport à la période avant traitement était réduit de 74 % et le taux d’exacerbations nécessitant des hospitalisations ou des visites aux urgences était réduit de 79 %. Une réduction de 100 % de la dose médiane quotidienne de corticostéroïdes oraux (CSO) a été observée à la fin de la période de suivi de 2 ans.

Parmi les patients qui étaient sous corticothérapie au début de l’étude, 57 % l’avaient totalement arrêtée aux semaines 101 à 104.

Aucun signal de sécurité inattendu n’a été observé (< 1% d’effets secondaires sévères). Ces résultats à 2 ans confirment les bénéfices cliniques à long terme en vie réelle du mépolizumab.

Dernières données espagnoles

De nombreuses données issues de l’étude Redes ont également fait l’objet de posters. Cette cohorte observationnelle a été conduite dans 24 centres en Espagne, chez 318 patients atteints d’asthme sévère à éosinophiles et traités par mépolizumab. Les données rétrospectives de suivi ont été recueillies sur une période de 12 mois avant l’instauration du mépolizumab et au moins 12 mois après l’instauration du traitement.

Une analyse post hoc s’est intéressée aux patients atteints d’asthme éosinophilique sévère et de polypose nasale (2). 46,2 % des patients inclus en étaient atteints. Après un an de traitement, ces patients ont présenté une réduction de 83,4 % des taux annuels d’exacerbations, vs. 73 % dans le groupe sans polypose nasale. 53,7 % des patients ayant une polypose ont pu interrompre leur traitement par corticoïdes, vs. 42,9 % dans le groupe sans polypose.

À la fin de l’étude, tous les patients avaient amélioré leur contrôle de l’asthme et leur fonction pulmonaire. Il apparaît cependant que les patients ayant à la fois un asthme éosinophilique sévère et une polypose nasale répondent particulièrement bien au traitement par mépolizumab.

Une autre analyse s’est penchée sur le statut tabagique des patients : 198 n’avaient jamais fumé, 106 étaient des ex-fumeurs et 4 étaient fumeurs (3). Chez les patients non-fumeurs, ex-fumeurs et fumeurs actifs, la réduction des exacerbations était respectivement de 78, 76 et 72 % ; leur score ACT s’était amélioré de 6,41, 7,28 et 1,5 points ; leur dose de CSO a diminué de 62, 56 et 100 % et leur taux d’éosinophiles a été réduit de 85, 76 et 64 %.

Ces résultats montrent que l’efficacité du mépolizumab n’est pas influencée par le statut tabagique chez les patients souffrant d’asthme sévère.

Efficacité chez les enfants

L’étude d’extension de phase 3 Liberty asthma excursion (4), en ouvert, a évalué l’efficacité à long terme du dupilumab chez 365 enfants âgés de 6 à 11 ans souffrant d’asthme modéré à sévère non contrôlé, qui avaient précédemment participé à l’essai pivot Voyage. Les patients ont reçu du dupilumab 100 ou 200 mg toutes les deux semaines, ou dupilumab 300 toutes les 4 semaines, pendant 52 semaines, en fonction de leur poids.

Les résultats montrent une amélioration soutenue de la fonction respiratoire, un faible taux de crises d’asthme et un profil de sécurité homogène dans toutes les tranches d’âge.

Données complémentaires sur le tezepelumab

Le tezepelumab, premier anticorps monoclonal dirigé contre la lymphopoïétine stromale thymique (TSLP) est en attente de son AMM. Des données post-hoc complémentaires des essais de phase 3 Navigator et de Pathway (phase 2) ont été présentées.

L’étude Navigator a permis de démontrer son efficacité par rapport au placebo (moins d’exacerbations, meilleure fonction pulmonaire, meilleur contrôle de l’asthme), chez des patients âgés de 12 à 80 ans, qui ont reçu le tezepelumab (210 mg) par voie sous-cutanée toutes les 4 semaines pendant 52 semaines. Les dernières données présentées (5) montrent que le tezepelumab, comparé au placebo à 52 semaines, réduit le taux annualisé d’exacerbation d’asthme de 49 à 50 % chez les patients non corticodépendants, et ce, indépendamment de leur taux d’éosinophiles à l’inclusion (< 300, 150-300 et < 150 cellules/µL). Ces données confirment l’efficacité du tezepelumab chez les patients souffrant d’asthme sévère non contrôlé avec un faible taux sanguin d’éosinophiles, y compris chez ceux ne recevant pas de corticoïdes oraux.

exergue : Aucun signal de sécurité inattendu n’a été observé

(1) ERS 2022. Late breaking PA4186. Caruso C. et al. International, prospective study of mepolizumab in severe asthma : Realiti-A at 2 yrs

(2) ERS 2022. PA 2135. Arismendi Nunez E et al. REDES study : mepolizumab is effective in patients with severe eosinophilic asthma and comorbid NP. PA2125

(3) Rivero G. et al. Real world use of mepolizumab in severe asthma according to smoking status

(4) ERS 2022. Late breaking OA 2955. Bacharier L. et al. Assessment of the long-term safety and efficacy of dupilumab in children with asthma: liberty asthma excursion

(5) ERS 2022. OA 3670. Menzies-Gow A et al. Efficacy of tezepelumab in patients with severe uncrotolled asthma and low blood eosinophil counts not receiving maintenance oral corticosteroïds.

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin