À ce jour, les prestataires de santé à domicile (PSAD) ont pris en charge près de 30 000 patients Covid-19 requérant une oxygénothérapie, 20 000 au cours de la première vague et 10 000 au cours de la seconde. Pour faire face à cet afflux inhabituel et soudain de patients, la profession a dû s'adapter sur les plans organisationnels et logistiques en vue de soulager les hôpitaux.
« Nous avons dû investir dans 15 000 concentrateurs d'oxygène supplémentaires pour huit millions d'euros », a indiqué Charles-Henri des Villettes, président de la Fédération des PSAD, lors d'un point presse.
Moins de 5 % de patients avec prise en charge à domicile initiale
En dehors du Covid, la pandémie et les confinements ont fortement perturbé l'activité des PSAD. « La déprogrammation des soins a entraîné un recul de nos activités à domicile. Et si la continuité des soins a été assurée pour les patients déjà en cours de suivi, le nombre de nouvelles prises en charge a baissé », rapporte Charles-Henri des Villettes, précisant qu'il a fallu faire preuve d'innovation pour prendre en charge les patients en toute sécurité.
La plupart des patients Covid pris en charge par les PSAD sont des patients stabilisés après une prise en charge initiale hospitalière, avec des besoins en oxygène à domicile qui n'excèdent pas trois semaines. C'est d'ailleurs cette catégorie de patients que la Haute Autorité de santé (HAS) définit dans ses récentes recommandations qui visent à accompagner les médecins de ville dans ce type de prise en charge. Elle y définit une seconde catégorie de patients qui peuvent « exceptionnellement » être pris en charge à domicile également : des malades n'ayant jamais été hospitalisés mais dont l’état de santé permet une prise en charge initiale hors hôpital. Cette partie des recommandations a suscité quelques inquiétudes concernant un éventuel risque d'aggravation soudain, notamment de la part de la Société de pneumologie de langue française (SPLF).
« Au cours de la première vague, les prescriptions d'oxygénothérapie émanant de médecins généralistes étaient quasi nulles, et elles n'ont pas dépassé 5 % des patients Covid lors de la seconde », précise le président de la Fédération. Il souligne également que la HAS préconise le passage deux fois par jour d'un infirmier pour assurer la sécurité des patients.
Un protocole de télésuivi en cours d'expérimentation
Pour optimiser davantage le suivi des patients sous oxygénothérapie à domicile, des expérimentations sont en cours : « En lien avec les établissements de santé, nous cherchons à améliorer les protocoles via des dispositifs connectés et un télésuivi qui permettraient de faire remonter les données de saturation aux médecins de manière instantanée », avance Charles-Henri des Villettes. Il a par ailleurs rappelé le rôle central des PSAD dans l'articulation ville-hôpital ainsi que la dimension humaine de la profession, au-delà des aspects techniques.
Au cours de la première vague, alors que le virus circulait le plus fortement en Île-de-France et le Grand Est, le secteur des PSAD a aussi organisé des transferts de matériel vers ces régions.
Hors Covid, l'oxygénothérapie à domicile de courte durée représente une part importante de l'activité des PSAD : sur les 2 millions de patients qu'ils prennent en charge chaque année, 235 000 patients insuffisants respiratoires y ont recours.
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