Pollution de l'air

Une autre cause de la BPCO

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Publié le 24/01/2019
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Crédit photo : Phanie

« Pendant longtemps, la BPCO a été considérée comme la maladie du tabac. Et cela a un peu freiné les recherches pour identifier d’autres causes possibles. Mais aujourd’hui, on a de plus en plus de données, d’abord sur le rôle joué par des expositions professionnelles à des poussières et des substances chimiques, mais aussi plus largement sur la responsabilité de la pollution, extérieure et intérieure, dans la BPCO  », explique la Pr Isabella Annesi-Maesano, qui dirige l’unité « Epidémiologie des maladies allergiques et respiratoires » (Inserm/Sorbonne université).

Il est aujourd'hui démontré que la pollution peut être à l'origine d'exacerbations de la BPCO. « Mais nous avons aussi des données montrant qu'elle peut provoquer le développement de la pathologie, notamment chez des personnes qui n'ont jamais fumé de leur vie. Cela a d'abord été mis en évidence dans des pays en voie de développement chez des femmes exposées à la combustion de la biomasse. Il s'agit de femmes exposées à la combustion du bois ou, par exemple en Afrique, d'excréments d'éléphants », indique la Pr Annesi-Maesano.

En 2016, la Société de pneumologie de langue française (SPLF) a fait le point sur les effets de la pollution atmosphérique sur la santé respiratoire à partir du travail d'un groupe d'experts dont faisait partie la Pr Annesi-Maesano. À côté de l'asthme et des maladies allergiques respiratoires, les polluants particulaires et gazeux de l'habitat peuvent favoriser la BPCO et les bronchites lors de la combustion de la biomasse dans les pays en voie de développement. Les mécanismes moléculaires impliqués dans la genèse et la progression de la BPCO associés à la pollution intérieure sont en train d'être explorés. Des études chez l'animal et l'humain suggèrent un rôle du stress oxydatif dans ces processus, souligne la SPLF.

Selon la Pr Annesi-Maesano, cette pollution se développe aussi dans les pays industrialisés, avec le recours de plus en plus fréquent au chauffage au bois. « Certaines simulations montrent qu'en 2020 dans les pays industrialisés, notamment en Europe, 38 % des particules fines seront émises via la combustion du bois, car celui-ci est proposé comme une forme d'énergie renouvelable », indique-t-elle.

La pollution extérieure, notamment automobile, peut être également responsable de la survenue d'une BPCO comme il a été montré par des données récentes. Il y a un risque plus élevé de souffrir d'une BPCO lorsqu'on habite à proximité d'un axe routier à fort trafic. « Mais on manque de données sur le lien entre particules ultra-fines et BPCO », souligne la Pr Annesi-Maesano. Dans son chapitre sur la pollution extérieure, la SPLF note que le stress oxydatif ainsi qu'un remodelage aberrant du système respiratoire peut être la cause initiale de pathologies telles que le cancer, l'asthme ou la BPCO.

Entretien avec la Pr Isabella Annesi-Maesano, directrice de première classe à l’Inserm et directrice de l’unité « Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires » (Inserm/Sorbonne université).

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9718