Deux ans après l’entrée en vigueur de la réforme de financement de la psychiatrie, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) Psy vient de publier un rapport visant à en dresser un premier bilan. Pour la fédération, les modalités de financement issues de la réforme sont « insuffisantes » pour faire face à des besoins croissants en psychiatrie. Pour Marc Laidet, président de la FHP Psy, le nouveau modèle de financement « ne prend pas en compte les évolutions d’activité et les nouvelles autorisations attribuées par les ARS ». Un sous-financement qui génère « des tensions de trésorerie dans un contexte d’inflation qui aggrave encore la situation », juge le directeur général de Clinéa France.
Non seulement, les besoins actuels en psychiatrie excèdent « largement » l’offre, mais ils vont continuer à progresser « sous l’effet de la démographie, d’un meilleur diagnostic et d’une prise en conscience plus large de l’importance de la santé mentale », alerte le rapport. D’autre part, la réforme a été élaborée « sur des bases pré-pandémiques qui ne tiennent pas compte des changements profonds survenus dans la santé mentale des Français », estime Marc Laidet.
Explosion des pathologies mentales
La santé mentale des Français s’est en effet fortement dégradée depuis la pandémie. Chez les 18-75 ans, la prévalence des épisodes dépressifs a augmenté de 3,5 points, passant de 9,8 % à 13,3 % sur la période 2017-2021, rappelle le rapport. Celui-ci ajoute que la sévérité des pathologies est en « forte augmentation », qu’il s’agisse du taux de suicide après 80 ans ou du risque de passage à l’acte suicidaire qui « est 10 fois plus élevé chez les plus de 65 ans que chez les jeunes adultes ».
Une situation qui devrait encore s’aggraver dans les années à venir, selon une étude prospective du cabinet Roland Berger figurant dans le rapport. Celle-ci a analysé les conséquences sanitaires et économiques de la mise en œuvre de la réforme. En psychiatrie privée, l’activité d’hospitalisation devrait augmenter de 4,7 % par an sur la période 2022-2027, en raison notamment des pathologies émergentes (troubles anxieux dépressions, burn-out…), estime l’étude.
Autre problème de taille : la capacité de réponse de l’offre privée va se heurter au mécanisme d’enveloppe fermée des dépenses de santé annuelles (Ondam) prévu pour le secteur. Cette logique fait que la valeur d'une journée d'hospitalisation baisse dès lors que l'activité augmente plus vite que l'objectif de dépenses fixé dans l'enveloppe, déplore le secteur. « À date, les projections font état d’une augmentation de l’Ondam Psy privé de 0,8 % par an jusqu’en 2027, hors inflation », alors que l’activité devrait augmenter de 4,7 % par an sur la même période, selon les projections. Conséquence : « les cliniques privées pourraient être amenées à absorber 3,3 millions de journées non financées sur 2022-2027, soit plus de 50 % de l’activité annuelle », s’inquiète la fédération. Celle-ci exige donc une enveloppe supplémentaire de 54 millions d’euros pour la seule année 2023. Une enveloppe qui s’élèverait au total à 445 millions d’euros pour la période 2023-2027.
C'est la raison pour laquelle la fédération demande en urgence que cette réforme puisse être « revue et adaptée » : pour que les établissements privés de psychiatrie puissent « répondre aux besoins croissants de la prise en charge sans se heurter au mur du financement ».
Les 200 cliniques psychiatriques privées assurent une prise en charge sur trois en France. 1100 psychiatres y exercent.
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