Troubles psy : la HAS publie un guide pour réussir l'annonce diagnostique

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Publié le 07/10/2022
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Crédit photo : Garo/Phanie

Comment réussir l'annonce d'un diagnostic d'une pathologie psychiatrique sévère, étape délicate, et pourtant clef dans le parcours de soins ? La Haute Autorité de santé (HAS) publie un guide destiné aux professionnels de santé pour les aider dans cette annonce auprès des adultes et favoriser l'alliance thérapeutique, guide complété d'une synthèse et d'une fiche d'information pour les patients.

« L’annonce d’un diagnostic de troubles psychiatriques sévères est cruciale : elle doit permettre à chaque patient de mieux appréhender sa maladie et de devenir acteur de sa prise en charge afin d’améliorer son état de santé et sa qualité de vie », commente la HAS. Elle souligne la difficulté liée à la complexité des troubles et d'un diagnostic exclusivement clinique. D'autant que ces troubles sont incertains et évolutifs, souvent stigmatisés, avec des comorbidités somatiques et addictives, un risque suicidaire, un handicap psychique et des difficultés à en prendre conscience.

Dialogue, démarche progressive

La HAS préconise un « dialogue constant au cours duquel le savoir du médecin et le savoir issu de l’expérience du patient se croisent », afin que le diagnostic soit partagé. « En reprenant par exemple les mots ou expressions du patient, le psychiatre contribue à la création d’un langage commun, facilitant la compréhension et l’acceptabilité des symptômes », lit-on.

La démarche doit être progressive, insiste ensuite la HAS, évoquant « un processus d’annonce ». Un délai doit être prévu pour confirmer le diagnostic, gommer les difficultés d’acceptation par le patient, favoriser l’appropriation des symptômes, mais aussi influer positivement sur l’évolution de la maladie. L’évaluation de l’état clinique du patient, de sa disponibilité à entendre et à parler de ses troubles indiqueront si les conditions de l’annonce du diagnostic sont réunies, précise le guide.

Enfin, la réussite de l’annonce passe par une étroite coordination entre les professionnels concernés (psychiatres, médecins généralistes, addictologues, urgentistes, psychologues, infirmiers, pharmaciens, assistants sociaux…), en ville comme à l’hôpital, pour garantir un bon accompagnement et suivi du patient.

Alliance thérapeutique avec le patient et son entourage

Pour réussir l'alliance thérapeutique, le psychiatre doit impliquer le patient dès l'annonce, c'est-à-dire, écouter son vécu, ses troubles ou encore ses démarches pour y faire face. « Les risques d’assignation, de stigmatisation, d’auto-stigmatisation et de discrimination de la personne sont à prévenir et à aborder avec elle. Le patient ne doit jamais être réduit, ni désigné par son diagnostic », lit-on. 

L’adhésion du patient dans la durée passe également par la prise en compte de son environnement et l’intégration de l’entourage dans cette alliance thérapeutique, avec l’accord du patient. La HAS recommande donc d’évaluer la situation du patient, afin d’appréhender la présence ou non d’un entourage et la capacité et le souhait des proches de s’impliquer.

Enfin, le patient doit être accompagné après l'annonce, pour ne pas rester sans réponse. Il convient notamment d'envisager des perspectives d'avenir pour améliorer sa qualité de vie.  

À cette fin, le médecin peut remettre au patient la fiche d'information élaborée par la HAS, qui reprend des informations sur le processus d’un diagnostic psychiatrique, en rappelant l'importance de cette étape dans la réussite du projet de soin. Figurent aussi des conseils pour aborder le diagnostic avec l'entourage, un rappel de ses droits et des contacts utiles en cas de difficultés.


Source : lequotidiendumedecin.fr