La cryothérapie est une technique mini-invasive de radiologie interventionnelle qui peut être utilisée dans la prise en charge de l'adénofibrome. En cas de lésion de petite taille, « certaines patientes ne supportent parfois pas très bien psychologiquement le fait de devoir le surveiller, explique le Dr Antoine Hakime, radiologue interventionnel à l'hôpital américain de Paris. Il y a toujours une certaine forme d'incertitude, parfois la peur que ça ait augmenté de taille… Donc, certaines de ces patientes sont demandeuses de techniques mini-invasives pour pouvoir traiter ces lésions bénignes au lieu de devoir les soumettre à une surveillance régulière. » La cryothérapie est une technique innovante, « très répandue dans les pays anglo-saxons », indique le Dr Hakime qui a travaillé en Angleterre et aux États-Unis.
L'adénofibrome, cette lésion bénigne qui se développe aux dépens de la glande mammaire, est très fréquent chez la femme jeune. Environ 30 % des femmes en développeront un ou plusieurs au cours de leur vie. Ces adénofibromes, qui peuvent mesurer jusqu'à plusieurs centimètres, peuvent, « en fonction des échographies, diminuer en taille, grossir, être uniques ou multiples », décrit la Dr Myriam Deloménie, chirurgienne spécialisée en sénologie à l’hôpital américain de Paris.
Quelques rares indications opératoires
À l'échographie, l'examen de référence, la lésion est homogène, bien arrondie, aux contours bien réguliers et bien nets (sans renforcement postérieur), avec la plupart du temps, un grand axe de développement horizontal. « Si le moindre doute persiste, on va passer soit à une cytoponction, soit directement à une biopsie », indique le Dr Hakime.
Le traitement est rarement la chirurgie, en raison du risque de récidive. « Il faut simplement faire une surveillance, explique la Dr Deloménie. Je préconise une première échographie quatre à six mois après le diagnostic et de surveiller l'évolution, si la lésion grossit ou si elle se modifie. Ensuite, peut-être faire un contrôle à un an, et si on voit qu'il ne se passe rien, arrêter la surveillance. »
Mais il y a des cas où l'opération est indiquée. « Si l’on sent que la lésion grossit et qu'elle le fait rapidement », précise la chirurgienne, car la tumeur ne disparaîtra pas, avec le risque de déformer le sein. Mais même si la lésion est petite, la lésion peut être très douloureuse pour certaines patientes. « Il vaut mieux l'enlever pour soulager la patiente », poursuit la Dr Deloménie.
Autre indication opératoire : un doute sur le diagnostic de l’adénofibrome avec suspicion de tumeur phyllode. « Une tumeur phyllode, c'est une lésion qui ressemble beaucoup à l'adénofibrome quand elle est dite bénigne de grade 1, mais qui va avoir plus tendance à grossir, rapporte la chirurgienne. En revanche, d’autres lésions phyllodes peuvent être cancéreuses, donc quand on a le moindre doute, il vaut mieux enlever la lésion. »
Absence de douleur post-geste
Pour les lésions ne correspondant pas à ces indications opératoires, la cryothérapie peut être une solution chez les femmes qui ne supportent pas bien la charge psychologique d'une surveillance régulière, ou bien le fait de sentir en permanence une petite boule dans le sein. La méthode, réalisée sous échographie, consiste à introduire une aiguille au contact et dans l'adénofibrome. « Nous créons un glaçon au bout de cette aiguille qui va totalement détruire l’adénofibrome, ainsi la patiente va pouvoir être traitée de manière ambulatoire, avec une anesthésie locale et sans cicatrice », détaille le Dr Hakime. Les suites sont la plupart du temps très simples, assure le radiologue interventionnel, « il n’y a aucune douleur post-geste ».
La cryothérapie est également testée dans certaines indications dans le cancer du sein. La première, qui fait encore l'objet d'études, concerne les tumeurs de petite taille. Les premiers résultats sont encourageants, notamment dans une étude américaine, « pour des cas bien sélectionnés en amont », précise le Dr Hakime. L'autre indication, la cryoneurolyse est déjà proposée à l'hôpital américain « pour traiter des douleurs à la suite d’une chirurgie du sein : soit du sein lui-même, soit du ganglion axillaire. Parfois, les tissus cicatriciels postchirurgicaux peuvent déclencher des douleurs au niveau du trajet du nerf », souligne le radiologue. Pour ces douleurs neuropathiques, « quel que soit le type de chirurgie (conservatrice, mastectomie, curage ganglionnaire, NDLR), nous avons très peu de traitements vraiment efficaces, abonde la chirurgienne. Beaucoup de patientes sont gênées, donc pour nous c'est un traitement très important et on mise beaucoup là-dessus. »
D'après un webinaire de l'hôpital américain de Paris
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