Une équipe de l'hôpital Avicenne à Bobigny (AP-HP) a évalué l'intérêt d'utiliser l'échographie portative dans la pneumopathie Covid-19. À l’aide d'un indice de sévérité créé pour l'étude, les chercheurs et cliniciens du GHU AP-HP Hôpitaux Universitaires Paris Seine-Saint-Denis ont montré son efficacité à la fois pour le diagnostic mais aussi pour le suivi des patients. L'étude a été publiée dans la revue « Aging ».
Alors que le scanner s'est imposé comme la technique de référence dès le début de la pandémie, le respect des mesures barrières est apparu comme une limite à l'utilisation de l'échographie. En réaction à une formation à l'écho pour les médecins de ville, la Société française de radiologie (SFR) avait réagi en soulignant « le risque de contamination pour l'opérateur, ce qui n'est pas le cas du scanner », mais aussi que « les performances de l'échographie thoracique chez ces patients sont encore peu connues et (que) la place exacte de cet examen reste à définir ».
Comparaison écho et scanner
Ici, l'étude coordonnée par la Pr Géraldine Falgarone de l’unité de médecine ambulatoire et le Pr Olivier Seror du service de radiologie interventionnelle, a inclus 50 patients consécutifs âgés en moyenne de 54 ans et hospitalisés pour une pneumopathie Covid-19 entre mars et avril 2020. Tous les patients avaient un scanner thoracique et une échographie pulmonaire à l’entrée dans l’étude.
Pour créer l'index de sévérité, les auteurs se sont servi de précédents travaux dans le syndrome de détresse respiratoire aigu, « basé sur une évaluation routinière et robuste de 12 points d’échographie pulmonaire », est-il expliqué dans un communiqué. Au seuil de 0,32, l’index échographique montrait d’excellentes performances diagnostiques de 96 % pour détecter un scanner thoracique anormal. Au même seuil, l’index échographique a montré des performances diagnostiques de 88 % pour détecter les patients nécessitant une oxygénothérapie, supérieures au scanner thoracique (72 %).
Vers une nouvelle place de l'écho ?
Les résultats de ces travaux réalisés en milieu hospitalier vont dans le sens d'un intérêt de l'échographie portative, « en respectant les règles d’hygiène et les gestes barrières », est-il souligné. « C'est le premier rapport sur la performance diagnostique de l'échographie pulmonaire par rapport au scanner thoracique pour le diagnostic de la pneumopathie Covid-19 et l'évaluation des besoins en oxygène, écrivent les auteurs. L'échographie pulmonaire pourrait aider à orienter les patients dyspnéiques en soins intensifs ».
La technique pourrait-elle ainsi être proposée plus largement ? Lors de la première vague, en mars, la Pr Anne Cotten, secrétaire générale de la SFR et radiologue au CHU de Lille, avait estimé que « l'échographie peut avoir un intérêt en réanimation chez des patients non transportables, mais pas en ville ». Les auteurs vont ainsi plus loin en suggérant : « L'échographie pourrait aussi être proposée en cas d'accès limité au scanner en période de crise pandémique ou pour mettre en place un examen pulmonaire clinique lors du suivi en ambulatoire ».
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