Rachialgies du sujet âgé

Soulager pour maintenir l’autonomie

Publié le 30/05/2012
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Crédit photo : PHANIE

LE DIAGNOSTIC étiologique est posé en suivant les mêmes critères que ceux utilisés chez les sujets plus jeunes. Devant des rachialgies de survenue récente (rachialgie dite aiguë) chez un sujet âgé, l’urgence est de distinguer douleurs d’origine rachidienne ou extra rachidienne (origine viscérale, pariétale ou vasculaire, pathologie coxo-fémorale…), d’identifier la présence ou de vérifier l’absence d’un tassement vertébral récent avant de déterminer son caractère bénin ou malin (myélome, métastase). En dehors des tassements vertébraux ostéoporotiques, d’autres pathologies bénignes peuvent être à l’origine de rachialgies aiguës avec, chez le sujet âgé, une moindre fréquence des manifestations discales pures. Les pathologies dégénératives rachidiennes regroupent les arthroses discovertébrales, interapophysaires postérieures (avec ou sans spondylolisthésis, avec ou sans canaux lombaires étroits). Une partie de la difficulté revient à analyser le degré de contribution de ces anomalies aux rachialgies qui ont conduit à pratiquer le bilan d’ imagerie.

Prévenir le déconditionnement physique.

Une fois affirmée la nature bénigne et rachidienne de la rachialgie, il convient d’assurer une prise en charge dépourvue d’effets iatrogènes et de prévenir les récidives ainsi que le déconditionnement physique, source de perte d’autonomie. L’évaluation de la douleur et l’évaluation de son retentissement fonctionnel peuvent faire appel à une stratégie spécifique aux sujets âgés lorsque ces derniers sont fragiles, atteints de polypathologies voire dépendants, en privilégiant, dans ces cas, l’hétéroévaluation fondée sur l’utilisation d’échelles comportementales. Comme chez les sujets plus jeunes, le retentissement de la douleur est évalué sur l’humeur, le sommeil, l’appétit, la qualité de vie et l’autonomie. Chez le sujet âgé encore autonome mais moins valide, la prise en charge et la prescription médicamenteuse doivent particulièrement tenir compte de l’acuité visuelle, de l’habileté manuelle, de l’état nutritionnel, de la comorbidité.

Le traitement de la phase douloureuse aigue repose sur le repos, les antalgiques type paracétamol voire opioïdes à faible posologie, per os et pour une durée courte, en suivant les recommandations de Limoges.

En cas de douleur neuropathique associée, la neurostimulation transcutanée peut être tentée chez les sujets autonomes capables d’en gérer l’utilisation ; les anticonvulsivants (prégabaline*, gabapentine*) peuvent être associés à faible posologie.

Assouplissement.

Le port d’une ceinture lombaire est à réserver aux efforts et doit être adapté à la tolérance du sujet ( gêne respiratoire, digestive). La vertébroplastie doit être discutée dans les fracture vertébrales qui restent douloureuses de même que la chirurgie rachidienne dans les canaux lombaires étroits lorsque la symptomatologie douloureuse persiste et qu’il existe une bonne corrélation anatomo-clinique.

Dans les rachialgies bénignes, a fortiori chroniques, les stratégies antalgiques non médicamenteuses sont néanmoins à privilégier : kinésithérapie, physiothérapie, acupuncture. La rééducation comporte un versant antalgique (massages, thermothérapie) et un versant fonctionnel avec renforcement statique isométrique et assouplissement des muscles du tronc et sous-pelviens de façon à lutter contre le déconditionnement à l’effort.

Pas de lien d’intérêt.

* Prescriptions hors AMM

 Dr CAROLINE MARTINEAU HEGP, Paris.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9133