Pendant le confinement, comment la continuité des soins a-t-elle été assurée pour les patients en rhumatologie ?
Dès le début de la crise, je me suis aperçu que les rhumatologues manquaient cruellement d’informations. J’ai donc décidé d’écrire tous les jours, du lundi au vendredi à 1 600 confrères. Rédiger une page par jour a représenté, pour moi médecin spécialiste, un véritable challenge. Mon objectif était de dispenser de l’information inspirante, de rassurer mes confrères et leur recommander de laisser leurs cabinets ouverts pour répondre aux urgences, en vue de désengorger les urgences hospitalières. En effet, continuer le suivi de nos patients chroniques s’avérait crucial. Et ceci, sans prendre trop de risques. Le SNMR, aux côtés de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et de la Société française de rhumatologie (SFR), s’est battu pour être entendu par les pouvoirs publics et notamment par l’Assurance maladie, afin d’assurer des téléconsultations et des consultations par téléphone, en cette période très particulière.
Nous avons décidé d’avancer ensemble, en faisant fi du passé, et nous avons été entendus. La médecine respire avec ses deux poumons, l’hôpital et la médecine libérale, et ne peut se passer de l’un ou de l’autre.
Accompagner les rhumatologues pendant cette crise sanitaire n’était-il pas plutôt du ressort des autorités de santé ?
Les pouvoirs publics nous ont laissés bien seuls avec notre conscience comme seule arme pour lutter contre le Coronavirus. Mon rôle de président du SNMR était de « mouiller le maillot ». Pour que les rhumatologues participent à la vie professionnelle, il fallait les inviter à le faire, en leur expliquant la situation et en répondant à leurs questions. À travers ce lien de tous les jours, nous avons pu engager un dialogue. Une foire aux questions a été ouverte sur le site du Syndicat (aspects professionnels) et sur celui de la Société savante (côté médical), avec des ponts entre les deux.
Quelles informations et quels conseils partagiez-vous ?
Nos recommandations portaient sur l’organisation du cabinet, la distanciation, les mesures à prendre avec le personnel… Je me suis d’ailleurs formé auprès des infectiologues du service de santé des armées, dès les premiers jours de la crise pour apporter l'information la plus juste. Aujourd’hui, je continue à écrire aux rhumatologues mais à un rythme moins soutenu. Un mois après le début du déconfinement, je les ai encouragés à reprendre le cours normal de leurs activités, tant professionnelles que personnelles. Pour rappel, ils peuvent se faire indemniser de leurs charges du premier et du deuxième mois de confinement auprès de la CNAM jusqu’au 25 juin. Ils doivent bien vérifier leurs déclarations et ne les valider qu’une fois sûrs de leur exactitude. Et surtout de pas oublier que nous sommes là pour les aider !
En quoi consiste l’étude menée par la SFR sur les patients atteints du Covid-19 ?
Pendant le confinement, la SFR a mis en place une étude sur les patients atteints de rhumatismes inflammatoires traités par biomédicaments et infectés par le Covid-19. Celle-ci va être élargie. Déjà, il apparaît qu’aucun des 280 patients suivis n’a développé de forme grave de la maladie.
En vue d’éliminer tout biais de recrutement en ne recensant que les cas hospitaliers, la SFR a demandé à l’ensemble des rhumatologues libéraux de participer à cette étude en remplissant une fiche pour tout patient qui présenterait les critères requis. Cette étude sera portée par l’ensemble des rhumatologues du territoire. Je remercie les Professeurs Thierry Thomas, René Marc Flipo et Pascal Richez de cette invitation. Elle renforce encore, s’il en était besoin, les liens étroits qui unissent notre Société savante et notre Syndicat.
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