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Les thérapies cellulaires à l’assaut des pathologies dysimmunitaires

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Publié le 09/01/2023
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Crédit photo : BRYSON BIOMEDICAL ILLUSTRATION/CUSTOM MEDICAL STOCK PHOTO/SPL/PHANIE

Des thérapies cellulaires arriveront-elles bientôt en rhumatologie ? C’est ce que laisse espérer une étude consacrée à l’utilisation de cellules CAR-T anti-CD19 dans le lupus érythémateux disséminé réfractaire.

Les cellules CAR-T sont des lymphocytes T génétiquement modifiés capables de reconnaître et d’éliminer des cellules pathologiques. En pratique, les cellules des patients sont prélevées, génétiquement modifiées in vitro puis réinjectées. Une approche « autorisée pour la première fois (aux États-Unis) en août 2017 dans la leucémie lymphoblastique aiguë réfractaire à cellules B » et validée dans de plus en plus d’hémopathies, rappelle le Dr Carol Langford.

Mais les CAR-T cells pourraient s’avérer utiles au-delà de l’hématologie, notamment dans certaines maladies dysimmunitaires. L’idée : utiliser ces lymphocytes modifiés afin d’éliminer des cellules immunitaires impliquées dans les processus pathologiques. Une stratégie avancée dans le lupus érythémateux disséminé, médié par les cellules B CD19 +. « Le rationnel (…) est qu’une déplétion profonde en cellules B CD19 + (…) pourrait provoquer une réinitialisation immunitaire » et une rémission, explique le Dr Langford.

Des résultats encourageants avec les CAR-T cells

Une première petite étude observationnelle a été conduite chez cinq patients. « Tous présentaient des atteintes de plusieurs organes et une maladie réfractaire à plusieurs lignes de traitements. » Leurs cellules T ont été modifiées afin qu’elles puissent reconnaître le récepteur CD19 des cellules B. Résultat : après administration des cellules T modifiées, « il y a bien eu une amélioration chez la totalité des cinq patients », indique le Dr Langford. Avec notamment une disparition des anticorps anti-ADN pathologiques. Et « tous les traitements immuno­modulateurs ont pu être suspendus chez tous les patients, avec une rémission sans médicament maintenue à huit mois, même après réapparition de cellules B (100 jours après administration des CAR-T cells) », se félicite la spécialiste.

En matière de thérapies cellulaires, un autre travail plus préliminaire mais présenté en session plénière a aussi fait parler de lui. Car cette publication introduit un nouveau type de cellules modifiées : les cellules CATCR-T, pour « Chimeric Autoantigen T-Cell Receptor ». Soit des cellules T modifiées visant à « provoquer une déplétion sélective de cellules B autoréactives », avance le Dr Maximilian Konig, co­auteur de l’étude. Ainsi son équipe a-t-elle développé et testé in vitro de premières CATCR-T-cells dans un modèle de syndrome des antiphospholipides – maladie auto-immune liée à des anticorps autoréactifs bien identifiés, explique le Dr Konig. Résultat : les CATCR-T-cells ont bien éliminé sélectivement les cellules B anormales cibles et « aboli la production d’anticorps auto­réactifs », se félicite-t-il.


Source : lequotidiendumedecin.fr