Dans les années suivant le diagnostic de diabète de type 2

Une intensification importante des traitements

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Publié le 23/04/2018
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À partir des bases de données du Sniiram, une étude a ausculté l’évolution des prescriptions d’antidiabétiques oraux (ADO) dans les huit premières années après le diagnostic, de 2008 à 2015. Elle porte sur les plus de 45 ans non traités par ADO en 2006-2007 ayant eu au moins trois délivrances en 2014, soit environ 60 000 personnes.

S’y ajoute une comparaison des prescriptions des diverses classes d’antidiabétiques entre la période de 2008 à 2012 et celle de 2013 à 2017 chez les patients nouvellement mis sous traitement.

Chute de la monothérapie

Ce travail met en évidence une chute de la pratique de la monothérapie, de 13 % dès la deuxième année du traitement. « Sur huit ans, le recul global est massif : on passe de 72 % à 32 % de patients sous monothérapie. Parallèlement, le recours dès le départ aux bithérapies et trithérapies augmente respectivement de 4 % (21 % vs 17 %) et 8 % (11 % vs 3 %), à l’insulinothérapie associée à un ADO de 4 % (7 % vs 3 %). Seul le pourcentage de patients sous insulinothérapie seule reste stable (4 %) », résume Anne-Sophie Aguadé, statisticienne de l’Assurance-maladie (CNAMTS).

Bonne nouvelle, le passage de la metformine à une bithérapie s’est plus souvent fait après passage par une posologie de 2 g/j de metformine. Près d’un patient sur deux a donc bénéficié de la posologie recommandée en metformine en monothérapie avant une intensification.

Bithérapies et trithérapies plus rapidement

« Entre la période de 2008 à 2012 et celle de 2013 à 2017, les pratiques témoignent d’une intensification du traitement initial : le recours à une monothérapie a reculé de 4 %, tandis que les trithérapies ou les associations avec l’insuline ont progressé », résume Anne-Sophie Aguadé.

En ce qui concerne les traitements initiaux par monothérapie, les prescriptions de metformine ont légèrement progressé (de 2 %). Ce qui fait que, globalement, le recours à la metformine en monothérapie a bien progressé, de 10 % par an en moyenne. « Toutefois, en 2015, encore 32 % de patients sous monothérapie ne sont pas sous metformine. Il reste donc encore un écart important entre les recommandations et la pratique clinique », regrette la statisticienne. Toujours en monothérapie initiale, les prescriptions de sulfamides ont quant à elle décru, et celles des inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase-4 (iDPP4) ont progressé.

Un recours croissant aux iDDP4 et arGLP1

« Dans les bithérapies initiales, les associations metformine-sulfamide ont largement reculé (53 % vs 32 %, 50 %), quand les associations metformine-iDPP4 ont triplé entre 2008 et 2015 (46 % vs 14 %). Du côté des trithérapies, on retrouve la même tendance, avec une progression (plus 50 %) des associations metformine-sulfamide-iDDP4, explique Anne-Sophie Aguadé. Enfin, dans les associations avec l’insuline, celles avec les arGLP1 progressent de 15 %, au détriment de l’association insuline-metformine. »

Plus globalement, en 2015, un peu plus de la moitié des patients sont sous bithérapie ou trithérapie, ce qui témoigne d’une intensification importante des traitements dans les huit premières années après le diagnostic.

D’après la communication d’Anne-Sophie Aguadé (CNAMTS) « Diabète de type 2 : évolution du recours aux différentes classes d’antidiabétiques 8 ans après l’instauration d’un traitement », congrès de la SFD, Nantes, 21 mars 2018

Pascale Solère

Source : Le Quotidien du médecin: 9659