L'imagerie du sportif de haut niveau

Une place croissante en prévention

Par
Publié le 17/11/2016
Article réservé aux abonnés

Il existe plusieurs types de pathologies musculosquelettiques très spécifiquement liées à certains sports. « Il faut bien connaître ces pathologies pour adapter le dépistage basé surtout sur l'échographie et l'IRM. Le dépistage de lésions infracliniques, asymptomatiques, permet en effet de mettre en place des mesures préventives comme l'aménagement du rythme des entraînements ou même des matchs pour limiter le risque de traumatisme et d'accident, explique le Dr Henri Guérini (CHU Cochin, Paris). C'est par exemple le cas de la recherche de microtraumatismes au niveau des genoux par IRM chez les footballeurs ou de l'évaluation du rachis cervical par IRM chez les premières lignes de rugby soumis à d'importants impacts en mêlée vu le risque de lésions médullaires cervicales et de handicap associé ». Ces dernières années d'importantes avancées ont eu lieu dans cette radiologie préventive très spécialisée. « Plusieurs études ont été menées notamment sur le dépistage échographie des lésions du tendon rotulien dans les sports d'impulsion tels volley, basket, handball… Et des études d'examen du corps entier utilisant des systèmes de base dose sont en cours chez les footballeurs pour le dépistage de diverses lésions comme l'arthrose de hanche ».

Imagerie diagnostique et thérapeutique

Le sport exposant à des blessures, la radiologie a toujours eu une place déterminante dans leur diagnostic. « C'est notamment le cas dans les lésions traumatiques comme les fractures en ski, dans les pathologies chroniques comme l'encéphalopathie traumatique chronique des boxeurs et des rugbymen, dans les pathologies du pied des danseurs exposés aux tendinites du fléchisseur du gros orteil et à une nécrose de l'os sésamoïde, dans les lésions tendineuses des tennismen et des golfeurs ainsi que dans les fractures de fatigue des marathoniens non visibles en radiographie mais visualisables en IRM ».

Mais avec les progrès réalisés en radiologie interventionnelle, le radiologue a aussi a un rôle aussi thérapeutique grandissant. « Les infiltrations des tendinopathies sont aujourd'hui échoguidées. Les injections de plasma riche en plaquettes, malgré des résultats controversés, se développent dans les tendinopathies et déchirures musculaires. Et les hernies discales peuvent être traités par voie percutanée guidée sous scanner par aspiration de la hernie (herniectomie ) avec des résultats spectaculaires puisque certains sportifs peuvent reprendre leur activité une semaine après ».

Retombées pour le sportif amateur

On est face à de plus en plus d'amateurs pratiquant une activité intense: marathons, trecks, sports extrêmes… Ces activités les exposent aux mêmes lésions que les sportifs de haut niveau avec un risque de traumatismes et de pathologies chroniques important. « Leur prise en charge se fait moins dans l'urgence que celle des sportifs professionnels. Mais ils peuvent eux aussi bénéficier des avancées diagnostiques et thérapeutiques développées dans le sport de haut niveau », selon H Guérini.

D'après l'intervention de Henri Guérini (CHU Cochin, Paris)

Pascale Solère

Source : Le Quotidien du médecin: 9535