Urologie

L'impact sexuel de l'HBP, une hantise masculine

Publié le 13/05/2016
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Selon la HAS, plus d'un million d'hommes de plus de 50 ans souffriraient d'hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), affection bénigne, mais source d'inconfort parfois majeur.

 

« L’HBP est avant tout une pathologie de la qualité de vie, insiste le Pr François Desgrandchamps (hôpital Saint-Louis, Paris). Les symptômes irritatifs, les levers nocturnes, les envies impérieuses dans la journée font que ces patients dorment mal et organisent la journée en fonction de leurs troubles urinaires. Ils y pensent tout le temps.
Mais comme les symptômes s'installent de manière très  progressive, au début ils n'ont pas forcément conscience de leur gêne si on ne les interroge pas. »

Des troubles sexuels souvent associés


Corollaire des dosages du PSA, le diagnostic est aujourd'hui un peu plus précoce car l'adénome entraîne une légère élévation de ce marqueur, mais aussi des troubles sexuels souvent associés. « La moitié des hommes souffrant de symptômes urinaires ont des scores sexuels altérés, précise le Pr Desgrandchamps. Cette association pourrait s'expliquer par un mécanisme commun aux deux maladies, notamment un manque de relaxation des muscles autonomes, par hypertonie du système sympathique. Les corps caverneux sont entourés de muscles et ceux-ci doivent se relâcher pour qu'il y ait une érection. »

Les médicaments ont une bonne efficacité sur les troubles urinaires, quelle que soit la classe thérapeutique, estime le Pr Desgrandchamps. Les alpha-bloquants et les extraits de plantes viennent en première intention, selon la HAS, les inhibiteurs de la 5 alpha-réductase étant prescrits en cas de persistance des symptômes après trois mois. Les nouveautés sont les AMM accordés au taladafil 5 mg, inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5, pour l'HBP, et au mirabégron, stimulant des récepteurs bêta sympathiques, pour les symptômes d'hyperactivité vésicale. « Il favorise la relaxation de la vessie et est donc intéressant chez les malades qui ont des problèmes irritatifs importants », commente le Pr Desgrandchamps.

« Les alpha-bloquants n'ont pas de retentissement sur l'érection, mais deux d'entre eux (tamsulosine, silodosine) réduisent le volume de l'éjaculation, détaille le Pr Desgrandchamps. Les inhibiteurs de la 5 alpha-réductase entraînent une baisse de la libido chez 20 % des malades. Il faut prévenir les patients de ces effets possibles pour revoir le traitement. Le tadalafil, qui entraîne une relaxation des éléments musculaires de la verge et de la prostate, améliore la qualité des érections et  les symptômes urinaires. »

Les traitements chirurgicaux ont une efficacité supérieure à celle des médicaments sur les symptômes urinaires, mais beaucoup de patients redoutent leurs effets sur la sexualité. « Il faut les rassurer », selon l'urologue. En effet, les érections et la libido ne sont habituellement pas modifiées par l’intervention. L’impuissance est exceptionnelle, le risque d’éjaculation rétrograde est important.  Une nouvelle méthode, l'embolisation de la prostate, se développe actuellement,  qui pourrait changer la prise en charge, quand le traitement médical est insuffisant. « Elle représente un espoir en cas de risque opératoire et pour les plus jeunes car cela pourrait permettre de conserver l'éjaculation », note le Pr Desgrandchamps.

 

Dr Isabelle Leroy
HBP

Source : lequotidiendumedecin.fr