Dans sa lettre d’information électronique du 8 octobre dernier, l’InVS signale des cas graves d’intoxications liées à la consommation de champignons, notamment d’amanites phalloïdes. Depuis la mi-septembre 2010, 14 cas d’intoxications liées à la consommation d’amanites phalloïdes ont été recensés par les centres antipoison, auxquels s’ajoutent 10 cas graves d’intoxication à d’autres champignons. ? Quatre régions sont principalement concernées par ce risque d’intoxication : Pays de Loire, Centre, Rhône-Alpes et Île de France. ? Les conséquences sur la santé en ont été graves : troubles digestifs sévères, atteintes hépatiques ayant pu nécessiter une greffe. Ces intoxications ont conduit à des hospitalisations, pour la moitié d’entre elles en réanimation. Une personne est décédée. Les symptômes d’intoxication apparaissent généralement dans les 12 heures après la consommation et l’état de la personne intoxiquée peut s’aggraver ensuite.
-› En effet, la durée d'incubation entre l'ingestion des champignons et l'apparition des premiers troubles permet de distinguer deux grandes catégories d'intoxications : les intoxications à durée d'incubation longue (supérieure à 6 heures), potentiellement graves, et les intoxications à durée d'incubation courte (1/2 heure à 3 heures), de pronostic généralement favorable.
-› Les syndromes à durée d'incubation longue. Il s'agit le plus souvent d'intoxications graves, en rapport principalement avec un syndrome phalloïdien, plus rarement avec un syndrome gyromitrien ou orellanien. La gravité du syndrome phalloïdien est liée à la gravité de l'atteinte hépatiqu. Le syndrome orellanien est caractérisé par une atteinte tubulo-interstitielle pouvant évoluer soit vers la guérison, soit vers une insuffisance rénale chronique. Pour le syndrome gyromitrien, il existe une susceptibilité inter- et intra-individuelle très variable et qui peut comporter des troubles digestifs, hépatiques, neurologiques…
-› Les syndromes à durée d'incubation courte représentent, en France, trois quarts des intoxications aiguës par champignons. Le syndrome muscarinien associe troubles digestifs, sueurs profuses, hypersécrétion salivaire et bronchique, bradycardie, hypotension artérielle, myosis. Le syndrome myco-atropinien est caractérisé par des troubles digestifs, neurologiques (agitation, confusion, délire, hallucinations), une tachycardie et une mydriase. Le syndrome coprinien correspond à un effet antabuse lors d'une prise d'alcool associée. Le syndrome narcotinien rassemble des effets psychodysleptiques (troubles de l'humeur, hallucinations principalement visuelles, troubles de la perception temporo-spatiale). Le syndrome gastro-intestinal (ou résinoïdien) s’apparente à une gastro-entérite survenant 30 minutes à 2 heures après le repas et régressant en quelques heures. Si ces syndromes à délai courts sont habituellement bien supportés, des accidents sérieux sont quand même observés dans des populations à risque ou des terrains fragilisés.
-› En pratique, après l’apparition d’un ou plusieurs symptômes suite à une consommation de champignons de cueillette, il faut appeler immédiatement un centre antipoison ou le Centre 15 en mentionnant cette consommation et les horaires du ou des derniers repas, l’heure de survenue des signes et conserver les restes de la cueillette pour identification.
1- InVS. Lettre d’information n°40. Octobre 2010. http://www.invs.sante.fr/display/?doc=presse/2010/communiques/cp_intoxi…
2- Journal électronique de toxicologie. http://www.jtox.fr/pdf/Volume1.pdf
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