Au cours des 2 dernières semaines d'octobre, une hausse des intoxications aux champignons a été observée, rapportent l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) et la Direction générale de la santé (DGS).
Au cours de cette période, 249 intoxications ont été enregistrées. Jusque-là, seuls 5 à 60 cas par semaine étaient recensés, la surveillance des intoxications aux champignons ayant lieu chaque année de début juillet à fin décembre.
Sept cas graves
Depuis le début de cette surveillance, sept cas graves ont été rapportés, dont quatre au cours de ces 2 semaines. Selon les dernières données (en date du 13 novembre), « aucun nouveau cas grave n'a été rapporté depuis », indique au « Quotidien » le Dr Gaël Le Roux du centre antipoison et de toxico-vigilance d'Angers. À noter que ces données ont une semaine de décalage avec la situation actuelle.
« Les cas graves correspondent à des situations où le pronostic vital est en jeu », définit pour le « Quotidien » le Dr Chloé Bruneau, également du centre antipoison et de toxico-vigilance d'Angers, ajoutant que les 7 cas rapportés ont guéri.
Si 2018 n'est pas encore terminée, le Dr Bruneau évoque d’ores et déjà une « année particulière » : « habituellement, la majorité des cas graves correspondent à des syndromes phalloïdiens, mais jusque-là, ce sont surtout des syndromes panthériniens qui ont été rapportés ». Les deux médecins du centre d'Angers rapportent ainsi quatre syndromes panthériniens, deux syndromes phalloïdiens et un syndrome sudorien, retrouvés dans plusieurs régions de France.
Le syndrome phalloïdien, causé principalement par l'amanite phalloïde, se caractérise par des troubles digestifs. Les premiers symptômes sont tardifs, ils surviennent de 10 à 12 heures après l'ingestion. En revanche, « l'atteinte hépatique survient de 48 à 72 heures après. L'intoxication peut entraîner une hépatite fulminante, allant jusqu'à nécessiter une greffe de foie », décrit le Pr Didier Samuel du centre hépato-biliaire de l'hôpital Paul Brousse.
Quant au syndrome panthérinien, causé surtout par l’amanite panthère et l’amanite tue-mouches, il est à l'origine de symptômes essentiellement neurologiques (hallucinations, convulsions), qui surviennent de 30 minutes à 3 heures après l'ingestion. « Même si les symptômes surviennent rapidement, il existe des cas potentiellement graves », alerte le Dr Bruneau.
Le syndrome sudorien est causé par divers types de champignons et se caractérise par une diarrhée profuse et une sudation excessive, pouvant conduire à un choc hypovolémique.
Lien entre quantité et toxicité
Les autres cas d'intoxications correspondent essentiellement à des cas de syndrome gastro-intestinal ou résinoïdien. « Nous en avons recensé plus de 300 cas. Ce sont les plus fréquents, mais ce ne sont pas des cas graves. Ils sont notamment dus à la confusion entre cèpes comestibles et toxiques », note le Dr Bruneau.
« Les intoxications dépendent du type de champignons qui poussent, qui eux-mêmes dépendent des conditions météorologiques », souligne la toxicologue. « Il est possible que le changement climatique influence la sélection d'espèces de champignons différentes de ce que l'on trouve habituellement », avance le Dr Le Roux.
Le Pr Samuel souligne par ailleurs « le lien entre quantité consommée et toxicité ». C'est pourquoi l'ANSES et la DGS recommandent de « consommer les champignons en quantité raisonnable ». Les autorités recommandent également, entre autres conseils, de cuire suffisamment les champignons. « Beaucoup de toxines sont thermolabiles et donc sensibles à la cuisson. Ce n'est toutefois pas le cas des amanites phalloïdes », explique le Dr Bruneau.
En cas de symptômes (diarrhées, vertiges…), l'appel au 15 ou au centre antipoison régional est indispensable.
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