Dans les Hauts-de-Seine, les urgences privées d'Antony tournent à plein régime

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Publié le 26/09/2019
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80 000 patients par an sont soignés à Anthony, presque autant qu'à Lariboisière

80 000 patients par an sont soignés à Anthony, presque autant qu'à Lariboisière
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Ici, pas de brancard dans les couloirs, une douzaine de patients attend calmement installée sur une banquette et le personnel est tout sourire ce vendredi matin de septembre. Sur le mur de l'accueil, un écran indique en temps réel le délai d’attente. Bienvenue aux urgences de l’hôpital privé d’Antony (Hauts-de-Seine) qui visiblement, ne connaît pas la crise.

Avec une moyenne de 250 patients pris en charge par jour (80 000 passages en 2018, presque autant que le mastodonte parisien Lariboisière), la structure alto-séquanaise de Ramsay Générale de santé est la plus dynamique des 121 services d'urgences privés. Mais pas la plus vaste dans laquelle ait travaillé Laurence Labrunie, cadre de santé, ici comme chez elle. « Dans 450 m2, on est plutôt à l'étroit, ça change des 3 000 m2 qu'on peut trouver ailleurs », s'amuse l'ancienne infirmière de l'hôpital Foch (clinique privée à but non lucratif de Suresnes), vêtue, comme tous ses collègues paramédicaux, d'une blouse bordeaux.

À Antony, circuit court et diagnostic rapide sont les maîtres mots pour assurer un temps d'attente raisonnable, estimé en 2018 à moins de 30 minutes pour 85 % des patients sur l'ensemble des urgences de Ramsay. Une fois enregistré auprès de l'administration, le patient est accueilli dans un box « d'accueil et d'orientation », situé juste après la salle d'attente. Il y est vu par un duo médecin/infirmière avant d'être orienté vers l'un des dix autres boxes qui se suivent dans le couloir (traumatologie d'un côté, médecine de l'autre) où un autre binôme prend le relais.

À l'étage, une unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD, moins de 24 heures) de 11 lits et un service d'hospitalisation après urgence (SHAU, moins de 72 heures) de 10 lits viennent compléter l'offre de soins du service. « Les patients ne restent jamais longtemps ici », explique Laurence Labrunie. En UHCD, les lits sont vidés à midi pour pouvoir être à nouveau occupés l'après-midi. « C'est un cycle », résume la cadre de santé. Ce matin-là au SHAU, le personnel ne se bouscule pas, une moitié des chambres seulement semble occupée.

Culture privée

Pour raccourcir encore plus le temps de prise en charge, une coopération étroite entre la vingtaine de médecins urgentistes du service et leurs homologues de biologie et d'imagerie installés à l'autre bout du couloir permet l'obtention de résultats d'analyse en une heure maximum. C'est cette facilité d'organisation qui a poussé le Dr Christophe Quilliec, responsable du service, à quitter les urgences de La Rochelle pour créer cette structure en 1991. « Aujourd'hui, les trois quarts des hôpitaux publics font du tri avec leur service d'urgences, nous, on voulait faire du diagnostic », assure-t-il. L'urgentiste vante une « culture privée » dans laquelle « l'hospitalisation n'a de plus-value que pour le patient » à l'inverse de l'hôpital public où la tarification à l'activité (T2A) pousse à remplir les lits.

Sans tabou, le Dr Quilliec reconnaît également un « attrait financier » à l'exercice de la médecine d'urgence dans le secteur privé. « Très clairement, on gagne mieux notre vie », assume le praticien qui déclare toucher 13 000 euros net par mois. Particularité : ici les médecins sont salariés.

Victime de son succès

Les urgences privées sont souvent accusées de trier leurs patients. « À Antony, ce n'est pas vrai », tonne le Dr Quilliec qui reconnaît toutefois « l'atypie » de son service. « Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt, certains médecins urgentistes, dans le public comme dans le privé, par carence de formation ou volonté de ne pas faire, réorientent certains patients ». Le praticien grisonnant, lui, « ne valide pas ce fonctionnement ».

Mais si les urgences d'Antony peuvent se permettre de prendre en charge un large spectre de pathologies, c'est aussi parce que l'établissement offre un panel de soins suffisamment larges (cardiologie, gastro-entérologie, cancérologie, réa) en aval. 

« Notre projet a eu une résonance importante chez les patients », s'enthousiasme le Dr Quilliec. À tel point qu'aujourd'hui, l'hôpital est victime de son succès. « On a des gens qui arrivent de Paris pour être sûrs d'être pris en charge rapidement », raconte-t-il. Si le praticien assure que les effectifs augmentent proportionnellement à l'activité, les temps d'attente affichés sur l'écran de l'accueil, eux, s'allongent. Le service pourra-t-il continuer à accueillir 3 % de patients supplémentaires par an comme c'était le cas en 2018 ? Pas sûr. « C'est déjà limite ! », prévient Laurence Labrunie.

M.D.P

Source : Le Quotidien du médecin