« Pas de contrat de travail, ni de repos de garde, défauts d’équipements de protection, organisation arbitraire et anarchique des plannings de stages, pas d’arrêts de travail possibles : les exemples ne manquent pas » pour illustrer les dérives subies par les étudiants en santé pendant la crise Covid, soulignent leurs représentants, dont l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). À l’origine de ces dérives : « une absence criante » de textes pour encadrer la mobilisation des jeunes, qui laissait la porte ouverte à tous les abus.
Le gouvernement vient de corriger le tir à la faveur d'un arrêté qui organise et sécurise la mobilisation des étudiants en santé « afin de faire face à la gestion d'une crise sanitaire ou d'une crise engendrant un afflux massif de patients ». Le texte sanctuarise la formation des carabins mobilisés, et la continuité pédagogique qui a tant fait défaut pendant la pandémie, « pour que les dérives dont ont souffert les étudiants en santé ne se reproduisent plus », espère, soulagée, l’Anemf.
#COVID19 | ? Parution de l'arrêté sur la #mobilisation des #étudiants que nous attendions tant⁰ !
— ANEMF (@ANEMF) April 29, 2022
➡️ Condit° d’accueil⁰
➡️ Qualité & continuité pédagogique
➡️ Formation & encadrement
❌ Pour que les dérives dont ont souffert les étu en #santé ne se reproduisent plus#médecine pic.twitter.com/ZEMfvhPL1c
Épargner les six derniers mois de formation
L’arrêté précise que les étudiants en renfort devront bénéficier « de la continuité pédagogique de la formation en période de crise sanitaire ». Les universités devront y porter une attention particulière. Pour ne pas laisser les jeunes seuls face à un afflux massif de patients, le texte acte un encadrement systématique dans les services « pendant toute la période de mobilisation ».
Dans tous les cas, les étudiants ne pourront être appelés en renfort « qu’après mobilisation préalable des professionnels de santé en exercice ». En cas de pandémie future, des instances de concertation locales seront instaurées par les ARS « afin de garantir une adéquation des ressources humaines aux besoins du territoire et veiller au respect des conditions de mobilisation ». Localement encore, d'autres textes sont attendus pour fixer « une période maximale durant laquelle les étudiants sont susceptibles d'être mobilisés ». Dans « la mesure du possible, les six derniers mois de formation » devront être épargnés.
Tenues de protection requises
Afin de fournir un réel statut aux jeunes volontaires, les carabins mobilisés pourront être employés « à temps partiel ou complet, en qualité de vacataire », précise l’arrêté. Ils réaliseront ainsi – en fonction de leur niveau d’étude – des actes ou gestes en qualité d’aide-soignant, d’infirmier ou d’auxiliaire de puériculture.
Le texte grave dans le marbre l’obligation de fournir du matériel de protection aux jeunes et de préserver les étudiants à risques « dans le cas d'une menace d'épidémie et sur présentation d'un certificat médical ».
Mobilisation ni banalisée, ni systématisée
Si les fédérations étudiantes en santé* saluent à l’unisson cet encadrement réglementaire – fruit de « plusieurs mois de travail et d’attente » – elles fixent des garde-fous : « La mobilisation des étudiants et étudiantes en santé ne doit ni être banalisée ni systématisée pour compenser les lacunes d’un système de santé en difficulté ».
En clair, la pandémie de Covid, aussi exceptionnelle soit elle, « ne doit pas servir de référence et de fondements pour d’autres événements futurs. Pour quelque raison que ce soit, rien ne doit jamais faire courir de nouveau le risque d’une formation altérée et d’une santé physique et mentale atteinte par les dispositions prises pour que le système de santé résiste », alertent les jeunes.
* Fage, Anemf, Anepf, Anesf, Fnek, Fnesi, Fnsip-BM, Isnar-IMG, Unecd
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