En Eure-et-Loir, 260 professionnels engagés dans leur communauté

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Publié le 26/10/2018
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Pr Joseph

Pr Joseph
Crédit photo : DR

Certains n’ont pas attendu le plan Macron pour se lancer dans une CPTS. Au sud de l’Eure-et-Loir, où 4 000 patients sont sans médecin traitant, les professionnels de santé ont lancé en septembre dernier la « CPTS sud28 » avec l’ARS Centre-Val de Loire. Sur le terrain, médecins et professionnels de santé s’organisent déjà depuis plus d’un an. « La CPTS, c’est de l’intelligence collective. Travailler en groupe est valorisant, témoigne son coordinateur le Dr Bertrand Joseph, généraliste à Châteaudun. Notre organisation vise à améliorer le parcours de santé du patient et à nous éviter le burn-out. »

32 réunions et un projet de santé

Depuis un an, les réunions s’enchaînent et le projet de santé est finalisé. Huit groupes de travail (avec pour chacun une thématique) sont coanimés par des acteurs des secteurs médical, médico-social et social sur le territoire. Ils se sont rencontrés 32 fois. Chaque CPTS construit son projet de santé en fonction des besoins de la population locale. Dans le sud de l’Eure-et-Loir, les 260 professionnels ont constitué une association loi 1901 et décidé de travailler sur plusieurs axes : le réseau et la communication interprofessionnelle, les troubles du comportement et la psychiatrie, la gestion des hospitalisations, les soins à domicile, le parcours du patient, des actions de prévention et l’installation de nouveaux professionnels de santé.

Au quotidien, les membres de la CPTS communiquent grâce à la plateforme privée « Jamespot », sorte de réseau social interprofessionnel. « Pour l’instant, cette interface collaborative nous donne accès à un annuaire et nous permet de planifier des rencontres en créant un profil, comme sur Facebook. Mais nous ne partageons pas de dossiers de santé car elle n’est pas encore sécurisée », explique le Dr Joseph, qui a découvert cet outil réservé habituellement aux entreprises grâce à une connaissance. La plateforme est également indispensable pour la continuité des soins, puisqu’elle liste les professionnels en congés et d’astreinte.

Manque d’outils de communication

Cette plateforme est utilisée en attendant un outil régional de partage de données, dont le généraliste déplore l’absence. La prochaine étape sera de « sécuriser la plateforme et de travailler avec un tableur ainsi qu’une file active de patients » pour mettre à jour en temps réel les dossiers. « Nous attendons également avec impatience la généralisation du DMP et la dématérialisation des feuilles de liaison au sein des équipes de soins », ajoute le médecin. 

Les CPTS ne bénéficient pour l’instant que d’un financement par l’ARS via le Fonds d’intervention régional (FIR). À ce titre, celle du Dr Joseph obtiendra 50 000 euros annuels sur trois ans et a reçu une aide au démarrage de 20 000 euros du Conseil Régional du Centre-Val de Loire. Ces aides financières permettent de rémunérer le temps de coordination médical du Dr Joseph et celui, administratif, d’un agent de la Mutuelle sociale agricole (MSA) qui soutient le projet. Le généraliste estime indispensables ces deux fonctions de coordination, car les médecins « ne sont pas formés aux tâches administratives ».

Les subventions serviront également à couvrir l’équipement et l’aménagement d’un bureau, à rémunérer les intervenants lors des formations médicales continues et les professionnels de santé qui animent les groupes de travail, ainsi qu’à développer des actions de prévention. La plateforme Jamespot coûte pour sa part 500 euros par an à la CPTS. « Les professionnels ont les idées, il faut désormais nous donner les moyens de nous organiser », conclut le Dr Joseph.


Source : Le Généraliste: 2849