Dr Claude Leicher, président de la Fédération des CPTS

« Une opportunité pour les médecins »

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Publié le 26/10/2018
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Leicher

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Pourquoi l’exercice coordonné dans les CPTS est-il devenu indispensable ?

Dr Claude Leicher Dans le passé, nous rendions des services individuels à nos patients. L’arrivée du médecin traitant a ensuite défini la notion de patientèle. Il nous faut désormais raisonner en termes de services rendus à une population. Nous organisons déjà la permanence des soins. Les CPTS permettront de réfléchir à d’autres services que la population attend de nous, comme le dépistage et la prévention, la continuité des soins... Nous nous confrontons aussi à des barrages pour accéder à des avis spécialisés à l’hôpital et en ville. L’exercice coordonné en CPTS va répondre à ces problématiques.

La CPTS ne peut-elle pas aussi rendre service aux professionnels en améliorant leur qualité de vie au travail ?

Dr C. L. C’est vrai, il y a des services que les professionnels peuvent aussi se rendre entre eux grâce à la CPTS. Si j’exerce dans un cabinet individuel et que je prends un jour de repos par semaine, je dois trouver seul une solution afin que mes patients puissent voir un confrère ou une consœur en mon absence. Avec la CPTS, cela sera simplifié, organisé grâce à un agenda partagé. La qualité de vie est un élément essentiel, notamment pour les jeunes médecins, pour qui il est important d’équilibrer temps de vie professionnelle et de vie personnelle.

Comment rassurer les médecins qui hésitent encore à s’engager dans une CPTS et craignent de perdre leur indépendance ?

Dr C. L. C’est exactement l’inverse. La CPTS est une vraie opportunité pour le monde libéral. Elle lui laisse l’opportunité de s’organiser à son initiative et non pas de subir une gouvernance administrative comme cela s’est fait à l’hôpital. Les hospitaliers s’en mordent les doigts aujourd’hui. Si les professionnels ne s’emparent pas de l’outil, alors oui, les médecins deviendront les assujettis d’un système marchand dans lequel on s’occupera beaucoup plus de la rentabilité que des besoins de la population. Les professionnels de santé doivent prendre conscience que s’organiser en CPTS leur permettra de défendre leur liberté d’exercice et leur indépendance.

L’objectif gouvernemental de créer 1 000 CPTS en trois ans est-il réaliste ?

Dr C. L. Oui, et il est d’autant plus réalisable qu’il n’est pas nécessaire de construire des murs ou d’acheter un terrain comme pour une maison de santé pour créer une CPTS. Selon moi, le pari peut être facilement tenu en trois ans. 200 projets de CPTS sont déjà en cours alors que le sujet est sur la table depuis un an. La dynamique des maisons de santé a  été beaucoup plus lente, par exemple. Nous devrons cependant être attentifs aux moyens que les pouvoirs publics mettront sur la table pour les faire fonctionner.


Source : Le Généraliste: 2849