Les revenus 2016 des médecins libéraux en demi-teinte

Année blanche pour les généralistes, grise mine pour les spécialistes

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Publié le 23/10/2017
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Crédit photo : PHANIE

Grand écart. 

Après un net rebond en 2015 qui avait profité à seize spécialités, l'exercice 2016 se révèle passable pour ne pas dire médiocre pour un grand nombre de médecins libéraux. Selon le bilan fiscal des AGA (réseau des ARAPL), que détaille « le Quotidien » (lire tableau), onze spécialités ont enregistré une baisse de revenus l'an dernier dans un contexte marqué par une stagnation de l'inflation (+0,2 % en 2016 selon l'INSEE).

La chute du bénéfice* – toutes charges déduites mais avant impôts – est marquée pour certaines disciplines comme les néphrologues (-9,6 %), les cardiologues (-4 %) ou les rhumatologues (-3,5 %). Analyse.

Année zéro pour les généralistes

Les quelque 13 000 généralistes affiliés aux AGA de l'UNAPL affichent un bénéfice 2016 de 88 700 euros, soit très exactement le même montant qu'en 2015.

Si la spécialité n'a pas bénéficié de la revalorisation de l'acte de base pour 2016 (la consultation à 25 euros est entrée en vigueur en mai 2017), elle a très légèrement augmenté son chiffre d'affaires avec 161 000 euros de recettes (+ 2 000 euros). L'activité généraliste a été impactée par deux épisodes épidémiques au début et en toute fin d'année, et par la hausse de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP, soit 6 756 euros versés en 2016 au titre de l'année 2015).

Mais en contrepartie, les omnipraticiens ont rétrocédé davantage d'honoraires que d'habitude (9 400 euros en 2016) et leurs charges ont grimpé de 2,6 % en moyenne, notamment les charges sociales personnelles. L'an dernier, les médecins ont davantage cotisé pour leur retraite (ASV), un malus de 300 à 800 euros selon le secteur d'exercice, précise la CARMF. Résultat : en 2016, le médecin de famille a conservé 58,6 % de son chiffre d’affaires, un peu moins que l'année précédente (59 %).

Les écarts de revenus généralistes demeurent marqués. Le quart le plus fortuné émarge à 150 000 euros de BNC tandis que le quart le moins bien loti affiche un résultat imposable de 40 700 euros.

Dans l'échelle des revenus, le généraliste demeure très proche du gynécologue obstétricien mais devance la plupart de ses confrères cliniciens – dermatologues, psychiatres, gynécologues, pédiatres et endocrinologues.   

Peu de spécialités tirent leur épingle du jeu 

2016 ne sera pas à marquer d'une pierre blanche non plus pour les médecins spécialistes. L'année a été médiocre pour une majorité de disciplines (11) qui, en l'absence de toute revalorisation tarifaire, ont subi une diminution plus ou moins franche de leur BNC. Beaucoup de praticiens font le yo-yo d'un exercice à l'autre. « Les spécialités dont les résultats baissent en 2016 étaient souvent celles qui avaient augmenté l'année précédente et inversement, explique Pierre Giroux, responsable des données fiscales pour les libéraux (ARAPL). On assiste à une remise à niveau ».

Certaines disciplines sont plus rudement impactées. Les néphrologues subissent une chute de 10 points du BNC. « Ce résultat s'explique notamment par le transfert de patients lourds passés dans des unités de dialyse de plus petite taille avec des coûts facturés à l'assurance-maladie moins importants », analyse le Dr Patrick Gasser, président de l'Union des médecins spécialistes confédérés (UMESPE-CSMF). Après un rebond en 2015, les recettes des cardiologues (-7 000 euros) diminuent également.

Dans la majeure partie des cas, les spécialistes ont surtout subi une hausse des charges (retraite, personnel) supérieure à l'augmentation du chiffre d'affaires. Les disciplines qui tirent leur épingle du jeu le font souvent au prix d'un surcroît d'activité. C'est le cas des chirurgiens généraux, des gastroentérologues, des ORL ou des endocrinologues. 

L'année 2016 ne modifie guère le palmarès des spécialités les plus lucratives. En dépit de quelques baisses du résultat, les « techniciens » continuent de se situer dans le haut du tableau des revenus. En l'absence des radiologues qui ne figurent plus dans les statistiques des ARAPL, les ophtalmologistes occupent la deuxième place derrière les anesthésistes-réanimateurs.

Sans bouleverser la donne, les revalorisations d'honoraires programmées dans la convention (lire page 3), dont la revalorisation de l'avis d'expert et la création de consultations complexes (46 euros) et très complexes (60 euros), pourraient changer quelque peu la hiérachie en 2017 et 2018.

* Le BNC moyen des praticiens du réseau des ARAPL est un peu supérieur à la moyenne nationale (mesurée par la CARMF) en raison d'une représentation plus importante des gros cabinets libéraux et du secteur II.

Christophe Gattuso

Source : Le Quotidien du médecin: 9612