Médecine scolaire

Complémentaire de la pédiatrie

Publié le 12/11/2015
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De la grande section de maternelle au lycée

De la grande section de maternelle au lycée
Crédit photo : PHANIE

Tout d’abord, une précision terminologique : on ne dit plus « médecins scolaires » mais « médecins de l’Éducation Nationale. « Nous sommes des spécialistes de la santé à l’école, même si notre discipline n’est pas une spécialité reconnue en tant que telle », indique la Dr Brigitte Moltrecht, conseillère technique auprès de la Directrice générale de l’enseignement scolaire au ministère de l’Éducation Nationale. « Notre métier a évolué au fil du temps, mais beaucoup de nos missions restent les mêmes. La richesse de notre métier est d’avoir à la fois une approche individuelle clinique et une approche collective orientée vers la santé publique », ajoute la docteur Moltrecht.

1 médecin pour 10 000 élèves

Aujourd’hui, on recense environ 1 100 médecins de l’Éducation Nationale en France. Ils travaillent sur un territoire donné et interviennent sur plusieurs établissements scolaires. « Nous prenons le relais de la PMI à partir de la grande section de maternelle et jusqu’au lycée. Chaque médecin a environ 10 000 élèves sous sa responsabilité », précise la Dr Moltrecht.

Le médecin travaille toujours en lien étroit avec les autres professionnels (infirmiers, psychologues, enseignants, assistants sociaux, personnels de direction et d’inspection) intervenant en milieu scolaire. « C’est souvent en coopération avec les infirmières que nous faisons le premier examen en grande section de maternelle qui vise, notamment, à repérer des troubles de l’apprentissage, sensoriels ou des difficultés d’adaptation. On agit aussi en lien avec les enseignants qui nous signalent les élèves qui ont des problèmes de comportement ou des difficultés d’acquisition. C’est à nous ensuite de voir si ces difficultés nécessitent une prise en charge médicale ou paramédicale », souligne la docteur Moltrecht, en ajoutant que ce bilan, à la sixième année de l’enfant, donne une première indication. « Bien sûr, on ne dépiste pas tout à ce stade. On ne va pas affirmer, par exemple, une dyslexie en grande section mais cela permet de repérer certains signes d’alerte. Ensuite, les infirmières font un bilan en sixième et nous adressent les élèves ayant des problèmes psychologiques ou des difficultés d’apprentissage », ajoute-t-elle. Les médecins effectuent également des examens à la demande tout au long de la scolarité.

Le médecin scolaire doit aussi faire un examen pour tout élève qui entre dans un lycée professionnel s’il est exposé à des travaux interdits aux mineurs. « Les moins de 15 ans n’ont pas le droit de travailler sur des machines, ni de faire des tâches potentiellement dangereuses. Les 15-18 ans, le peuvent dans le cadre de leur formation, si le médecin les juge aptes », précise la Dr Moltrecht.

Repérer les besoins de santé

Un médecin de l’Éducation Nationale se doit aussi d’assurer certaines missions d’information et de prévention. « Nous faisons moins d’interventions sur l’éducation à la santé qu’avant du fait d’un manque d’effectifs. Mais le rôle du médecin scolaire est aussi d’analyser les données sanitaires et sociales de son territoire pour repérer les besoins de santé de la population. Il est important aussi de tenir compte de l’avis des familles. Nous sommes attachés à développer toutes les dimensions de la promotion de la santé, y compris les concepts d’empowerment, de co-éducation, de climat scolaire et d’universalisme proportionné ».

Complémentarité

Les médecins scolaires ont vocation à agir de façon complémentaire à la pédiatrie libérale et hospitalière. « Notre travail est vraiment complémentaire car nous pouvons dépister à l’école des troubles qui n’apparaissent pas forcément au sein de la famille et apporter aux pédiatres des éléments sémiologiques. De leur côté, ils vont nous donner des éléments pour favoriser l’adaptation scolaire d’enfants malades ou handicapés. Nous travaillons aussi de plus en plus avec les pédiatres et les pédopsychiatres hospitaliers. Cela peut être très utile pour certaines problématiques un peu spécifiques comme, par exemple, les refus scolaires, anxieux ou dépressifs », indique la Dr Moltrecht.

D’après un entretien avec la Dr Brigitte Moltrecht, conseillère technique auprès de la Directrice générale de l’enseignement scolaire au ministère de l’Éducation Nationale
Antoine Dalat

Source : Bilan spécialiste