Déserts, financement des soins, reste à charge, prévention : le Premier ministre en pleine santé  

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Publié le 22/02/2018

C'est un fait : rarement un Premier ministre aura été aussi interventionniste dans le portefeuille (pourtant technique) de la santé.

Depuis son arrivée à Matignon, Édouard Philippe, qui fut président du conseil de surveillance de l'hôpital du Havre en tant que député-maire LR, vole régulièrement la vedette à sa ministre de la Santé, le Pr Agnès Buzyn, pourtant experte en sa qualité de médecin.

Le 4 juillet, dans son discours de politique générale devant les députés, Édouard Philippe consacrait une très large part à la santé et prenait tout de go les Français à témoin : « ils [les Français, NDLR] constatent que le système est mal coordonné, que la répartition entre urgence et consultation, entre soins de ville et soins hospitaliers n’est pas optimale, que l’on évite au fond ni l’exclusion des soins, si l’accroissement des inégalités », assenait-il. Pêle-mêle, il cite le paquet de cigarettes à dix euros, la création d'un service sanitaire pour les étudiants des filières de santé et la mise en place d'un reste à charge zéro sur l'optique, le dentaire et les audioprothèses pour « rompre le cercle vicieux du renoncement aux soins ». Il n'oublie pas le « plan de lutte contre les déserts médicaux » qui sera concocté « en bonne intelligence avec les acteurs du monde de la santé » pour la rentrée par Agnès Buzyn.  

Plus étonnant dans un discours censé se cantonner aux grandes lignes de l'action gouvernementale, Édouard Philippe se risque à évoquer la création de « nouvelles incitations et de nouveaux modes de rémunération, en mesurant la qualité des soins et en la faisant connaître » dans le budget de la Sécurité sociale voté cinq mois plus tard.

Pas fan du tiers payant

L'homme qui a dit au « Parisien » dès sa nomination à Matignon ne jamais avoir « été fan » du tiers payant généralisé, prend ensuite la main sur les questions sensibles de l'accès aux soins dans les territoires, puis de l'organisation du système de santé. Le 13 octobre, il dévoile lui-même le fameux plan anti-déserts en inaugurant la maison de santé de Châlus (Haute-Vienne). Rebelote le 13 février, où il visite l’hôpital Simone Veil d'Eaubonne (Val d'Oise) avant d'annoncer, cette fois, un plan de transformation du système de santé.

Dans le cadre plus large de la deuxième conférence nationale des territoires à Cahors (Lot), le 14 décembre, il redit – et twitte – sa conviction d'encourager « la mise en place de maisons pluridisciplinaires de santé comme c’est le cas dans le Lot, avec le souhait de les voir essaimer sur le territoire, en zones rurales bien sûr mais aussi dans les quartiers concernés par la politique de la ville où les besoins sont tout aussi criants ».

Autre déplacement d'importance pour défendre une mesure de santé phare du programme d'Emmanuel Macron : le 5 septembre, Édouard Philippe se présente à Dijon, « ni en conquérant, ni en justicier », mais en matador du décrié Régime social des indépendants (RSI), dont il confirme la suppression à partir du 1er janvier 2018 (avec une période transitoire de deux ans pour intégrer les indépendants au régime général). 

La prévention est un autre dada d'Edouard Philippe. Le 14 septembre, à l'occasion du 50e anniversaire de l'association des journalistes de l'information sociale (AJIS), il évoque une « révolution copernicienne de la prévention dans le domaine de la santé ». Rien que ça! 

 

 

 

 

A.B.-I.


Source : Le Quotidien du médecin: 9642