Un assuré icaunais sur cinq sans médecin traitant

La ville de Sens fait appel à SOS pour pallier le déficit démographique

Publié le 14/01/2016
Article réservé aux abonnés

Quarante-et-un généralistes sont inscrits à l’Ordre des médecins dans l’Yonne, mais « beaucoup sont partis à la retraite », souligne Marie-Louise Fort, maire de Sens.

Seuls 26 sont effectivement en exercice dans la sous-préfecture sénonaise (25 000 habitants). Cette « situation d’urgence » n’est « pas encore prise en compte dans le schéma régional de l’ARS Bourgogne », souligne l’élue. « Le prochain schéma prévu à partir de janvier 2017 » devrait permettre d’intégrer « cette réalité », liée à une évolution récente de la démographie médicale. À Sens, un assuré sur cinq serait aujourd’hui sans médecin traitant, selon la CPAM de l’Yonne. C’est deux fois plus que dans le reste du département.

En attendant, « il fallait agir » pour « rester solidaire des plus fragiles », avance Marie-Louise Fort. Le 18 décembre, le centre communal d’action sociale (CCAS) de Sens et l’association SOS Médecins de la ville ont signé une convention de partenariat « unique en France », d’une durée d’un an. Elle va permettre à SOS Médecins de fournir « une forme de prestation de service » pour le compte du CCAS à compter du 1er janvier 2016, détaille le maire. Le CCAS orientera vers l’association « les personnes âgées sans médecin traitant, atteintes de maladie chronique et en difficulté de mobilité ». Cela représenterait « au moins 200 personnes ». Concrètement, 5 des 6 praticiens de SOS Médecins se chargeront de renouveler les feuilles de soin des patients inscrits auprès du CCAS dans ce dispositif d’urgence. Leur mission s’arrête là. S’ils présentent un souci de santé ponctuel, les patients devront contacter SOS Médecins par le circuit classique ou se rendre aux urgences hospitalières.

Faire évoluer les textes

Dans le projet initial, soutenu par l’ARS Bourgogne et présenté à Laurence Rossignol en février dernier, la convention signée avec SOS Médecin devait permettre à l’association d’urgentistes libéraux d’avoir le statut de « structure traitante ». Cette première version posait « des problèmes juridiques et déontologiques », relève Alain Miard, président du conseil de l’Ordre dans l’Yonne. La CPAM a d’ailleurs fait barrage aux mêmes motifs. « La caisse primaire s’est appuyée sur le code de la Sécurité sociale qui impose de désigner un médecin traitant individuel, pas collectif », explique Marie-Louise Fort. Face à la multiplication des déserts médicaux, elle estime qu’il « faudrait faire évoluer les textes » pour permettre l’éclosion de « plateformes de soins » dotées d’outils informatiques grâce auxquels ses membres peuvent partager les dossiers des patients.

En l’état, le recours à SOS Médecins constitue, dans l’esprit des signataires, « un relais en attendant que les patients retrouvent un médecin traitant », précise le Dr Jean-Luc Dinet, président de SOS Médecin Sens. La sous-préfecture de l’Yonne a adopté, le 15 octobre dernier, le principe d’une prime à l’installation pour chaque nouveau médecin. Cette prime s’élève à 15 000 euros. Marie-Louise Fort se dit cependant peu optimiste. « La médecine libérale est à l’agonie », dit-elle. En parallèle, le centre hospitalier a renforcé le service des urgences en mobilisant les médecins retraités pour traiter « la bobologie ».

Alexandra Caccivio

Source : Le Quotidien du Médecin: 9462