Nouvelle édition du Guide du bon usage des examens

Moins d’irradiations

Publié le 17/10/2013
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LIMITER L’EXPOSITION des patients aux rayonnements ionisants, améliorer la qualité des soins, promouvoir l’interdisciplinarité et maîtriser les coûts… Autant d’objectifs de la nouvelle édition du Guide du bon usage des examens d’imagerie médicale, qui a été publié au début de cette année et est accessible en ligne*. Élaboré à l’initiative de la Société française de radiologie (SFR) et de la Société française de médecine nucléaire (SFMN), sous l’égide de la Haute Autorité de Santé (HAS) et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), sa première version avait été publiée en 2005.

« L’élaboration de cette nouvelle version a demandé trois ans de travail : un très gros investissement », reconnaît le Pr Philippe Grenier, qui a assuré le pilotage des travaux avec le Pr Jean Noël Talbot (Tenon). Plus de 700 praticiens (radiologues, médecins nucléaires, généralistes et médecins/chirurgiens spécialistes) ont contribué. Près de 400 situations cliniques y sont traitées, avec des recommandations concernant toutes les modalités d’imagerie médicale. Chacune est accompagnée d’un niveau de preuve scientifique, de commentaires, d’analyse de la littérature et du niveau de la dose délivrée. « Par rapport à la version de 2005, au moins 20 % des mots-clés d’entrée ont été changés. Il y a surtout eu un enrichissement très important au niveau de l’analyse de la littérature. Ces dernières années, beaucoup de choses ont été publiées. Et tous les argumentaires, qui sous-tendent les recommandations, ont été analysés et côtés », indique le Pr Grenier en précisant que cette nouvelle version vise clairement à favoriser les méthodes non irradiantes : « ces dernières années, l’IRM par exemple a considérablement augmenté son champ d’application et cela se reflète dans le Guide ». Le Pr Grenier rappelle que ce Guide a été élaboré pour répondre aux exigences de la Directive EURATOM 97/43 dédiée à la radioprotection des patients : « transposée dans la loi française, elle fixe notamment deux exigences : qu’il existe un guide de ce type. Que les demandes d’examens soient correctement remplies et que les radiologues confirment, dans leur compte rendu, qu’elle était bien justifiée ».

Ce Guide s’adresse donc principalement aux médecins référents, c’est-à-dire aux généralistes et spécialistes qui demandent des examens. « Il y a en particulier un énorme travail à faire auprès des médecins de ville qui, bien souvent, se contentent de faire une demande sans rien justifier du tout. Ils inscrivent juste : "faire un scanner". Ce n’est pas normal », estime le Pr Grenier. Si le Guide a vocation à être un véritable référentiel de bonnes pratiques à l’usage de ces médecins, « il peut aussi être utilisé comme outil d’enseignement et pour le DPC. Il est d’ailleurs utilisé comme référentiel dans deux programmes de DPC de la HAS ».

À terme, le Guide devrait bénéficier du label de la HAS puisqu’il a été élaboré en suivant sa méthodologie du consensus formalisé en trois phases. « Mais on fera cette demande de label uniquement quand le Guide sera complet. Pour l’instant, il manque encore la partie concernant l’imagerie cardiaque qui devrait être prête d’ici la fin de l’année », indique le Pr Grenier.

Entretien avec le Pr Philippe Grenier, Chef du Service de Radiologie Polyvalente et Oncologique de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Président de la CMEL Pitié-Salpêtrière - Charles Foix

* gbu.radiologie.fr

 Antoine DALAT

Source : Bilan spécialistes