Dr Franck Devulder, président des Spécialistes-CSMF : « L'impact économique de la crise sanitaire est majeur pour les cabinets »

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Publié le 26/03/2020

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Le président des Spécialistes de la CSMF, le Dr Franck Devulder, hépato-gastro-entérologue, s'inquiète de l’impact économique de l'épidémie pour les entreprises médicales libérales de spécialistes. Il appelle le gouvernement à préparer « l'après pandémie », estimant que les mesures actuelles de soutien de l’État et de la CARMF « ne seront pas suffisantes ».

LE QUOTIDIEN : Quel est l'impact économique de la crise sanitaire sur les cabinets de médecins spécialistes libéraux ?

Dr FRANCK DEVULDER : L'impact économique est majeur ! L'ensemble des médecins spécialistes subissent les mesures de confinement mises en place et respectées par les Français – dont il faut par ailleurs se féliciter. La partie clinique de notre activité s'est réduite comme peau de chagrin. Le nombre de consultations a diminué de trois quarts et les activités opératoires sont annulées, en dehors des urgences et de l'oncologie, et pour cause car il faut faire de la place ! Il y a donc un effet ciseau entre le message fort donné à tous les spécialistes pour rester ouvert et assurer les soins non programmés et le suivi de leurs patients, et la baisse d'activité qu'ils subissent.

Les cabinets libéraux de spécialistes sont organisés en entreprise médicale, particulièrement certains gros cabinets de radiologie ou de cardiologie. Certains ont donc dû mettre des employés au chômage partiel. Dans mon cas, nous employons une infirmière et cinq secrétaires ; avec leur accord, nous avons mis notre infirmière en chômage partiel ainsi que deux des cinq secrétaires.

Demanderez-vous une compensation au gouvernement ?

Oui, nous attendons un geste, une aide concrète à travers les ordonnances qui ont été publiées. Tous les médecins libéraux sont concernés, généralistes comme spécialistes, mais peut-être plus encore les spécialistes. Nos cabinets sont des entreprises, avec de l'emploi, ne les mettons pas à genoux aujourd'hui.

Nous souhaitons par ailleurs faire passer un message aux patients. Restez chez vous, mais ne différez pas trop vos consultations habituelles. Il y a désormais la téléconsultation qui marche très bien. Je ne dis pas ça pour nos cabinets, mais pour ne pas trop différer les prises en charge et ne pas subir dans quelques semaines les effets d'un manque de consultations sur la santé des patients.

Hormis ces conséquences économiques, quelle est l'organisation des médecins spécialistes libéraux dans cette crise sanitaire ?

Il y a plusieurs situations en fonction de l'activité habituelle des médecins. Il y a ceux qui travaillent dans des cliniques privées où il y a des urgences, ce qui est mon cas – et nous voyons d'ailleurs le nombre de cas augmenter. Dans mon établissement, toutes les spécialités médicales et chirurgicales participent aux gardes et astreintes liées au Covid-19. Les plus jeunes sont attachés aux soins et au suivi des patients dans les unités d'hospitalisation Covid-19, hors réanimation. Ceux qui sont âgés de plus de 50 ans participent à des gardes de tri des malades sur le parking des urgences.

Pour les spécialistes qui n'ont pas d'exercice en clinique, les cabinets restent ouverts, et c'est normal. Certains, notamment les neurologues et dermatologues dans le Grand Est, ont organisé une astreinte régionale quotidienne, ouverte à tous les médecins et les patients pour assurer la prise en charge dans leur domaine de compétence.

Enfin, certains libéraux peuvent faire le choix peuvent aller à l'hôpital, je sais que plusieurs hôpitaux ont demandé des renforts. Mais nous sommes aussi sur le pont de notre côté. Il y a un mouvement général de tous les praticiens libéraux pour faire face et pour faire front, avec toujours le même problème que nous connaissons, le manque de masques.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr