« C’est du chantage ! ». Le maire de Barneville-Carteret, David Legouet, n’en revient toujours pas de la proposition qu’il a reçue, fin octobre, de la part d’un médecin de la région parisienne. Dans un courrier électronique dont « le Quotidien » a eu connaissance, le praticien énonçait ses exigences pour venir s’installer dans cette station balnéaire du Cotentin.
Prime de délocalisation et d’installation, logement de fonction pendant deux ans, voiture de fonction et même un terrain constructible et l’assurance de maintenir son salaire actuel de 6 770 euros après impôts… « Ces conditions remplies, je m’engage avec vous pour dix ans », concluait le médecin qui exerce actuellement dans deux Ehpad.
Depuis des mois, Barneville-Carteret recherche des candidats à l’installation pour pallier le manque de praticiens et le prochain départ à la retraite de deux des trois généralistes déjà en place. C’est en publiant une communication dans une publication du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (« pour 6 000 euros ! », précise le maire de la ville), qu’il est entré en contact avec un candidat. Mais l’élu n’était pas prêt à tout pour trouver la perle rare.
« Des chasseurs de primes »
« Que les médecins gagnent bien leur vie, je trouve cela normal. Ils ont une grosse charge de travail, des responsabilités… Mais j’ai été choqué par les exigences de ce médecin en particulier », s’indigne David Legouet qui a choisi de diffuser à France Bleu Cotentin cet échange pour dénoncer le comportement des « chasseurs de primes », selon son expression.
« Je ne rentrerai pas dans ce chantage. J’ai le soutien des habitants de la ville qui sont prêts à se passer de généralistes plutôt que de rentrer dans cette logique », confie-t-il au « Quotidien ».
L’élu interpelle aujourd’hui le gouvernement et les parlementaires afin qu’ils prennent des mesures coercitives pour obliger les médecins à s’installer dans les zones sous-dotées. « Ceux qui refusent ne doivent pas être conventionnés », suggère-t-il. Selon lui, les mesures incitatives ont échoué. « On a donné beaucoup d’argent aux médecins, des aides à l’installation de 50 000 euros, on finance des assistants médicaux pour les aider à prendre en charge plus de patients… mais on est toujours dans la même situation », s’agace-t-il.
« Personne n’ose le dire »
David Legouet dit avoir reçu de nombreux soutiens, notamment de la part des élus qui partagent son point de vue. « Mais personne n’ose le dire parce que tout le monde a peur de ne pas avoir de médecin », dit-il. Il a tout de même cédé aux exigences d’une généraliste de la commune, qui réclamait une année de loyers gratuits supplémentaire, après avoir déjà bénéficié de deux ans de gratuité depuis son installation.
À l’époque, la praticienne avait répondu à l'appel de la ville qui proposait aux candidats un « très joli appartement avec une terrasse », une place dans le port… « et pourquoi pas un repas par semaine à la Marine », le restaurant étoilé de Carteret, avait lancé l'ancien maire de la ville en 2018.
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