Encore des marges de progrès

Une photographie mondiale du DT1

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Publié le 06/11/2020
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Selon l’observatoire Sage, qui a évalué la qualité du contrôle du diabète de type 1 au niveau mondial hors Amérique du Nord, seul un patient sur 4 est à l’objectif de moins de 7 % d’HbA1c. Un peu plus de la moitié sont en deçà de7,5 %.
Un hiatus entre les recommandations officielles et les attitudes pratiques

Un hiatus entre les recommandations officielles et les attitudes pratiques
Crédit photo : phanie

L’enquête Sage, qui s’est déroulée sur une journée, a inclus 3 858 patients adultes dont le diabète était connu depuis au moins un an, vivant dans différents pays d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient et d’Amérique du Sud. Trois groupes d’âge ont été distingués : 26-45 ans, 46-64 ans et plus de 65 ans.

Cette enquête a avant tout mis en évidence les difficultés du contrôle de la glycémie, avec globalement à peine un quart des patients à l’objectif d’HbA1c ≤ 7 % (dernier contrôle datant de 30 à 45 jours avant l’enquête) ; 43,4 % avaient une HbA1c ≥ 8 % et plus de 20 % ≥ 9 %. Un constat fait quelle que soit la tranche d’âge et qui interpelle. « On est donc loin de l’objectif de moins de 7 % préconisé par les recommandations internationales, ce qui contribue sans doute au taux relativement élevé de complications microvasculaires », a souligné le Pr Éric Renard (Montpellier).

La France dans la bonne moyenne

En Europe occidentale, l’HbA1c était en moyenne de 7,7 %, la France (avec 290 patients inclus dans cet observatoire) se situant à 7,65 %. À noter que, dans notre pays, seuls 19,6 % des sujets interrogés avaient une HbA1c ≥ 8 % et 11,5 % ≥ 9 % ; ce sont les plus âgés qui atteignent plus souvent la cible.

Il faut toutefois préciser que, globalement, 55,9 % patients étaient dans la tranche de 7 à 7,5 % d’HbA1c (68 % des patients en France), ce qui témoigne du hiatus entre les recommandations officielles et les attitudes pratiques.

Hypoglycémies chez les plus âgés

Autre enseignement : environ 12 % des patients, quels que soient l’âge et la région, ont déclaré avoir eu au moins une hypoglycémie sévère (nécessitant l’aide d’un tiers) au cours des 6 derniers mois. En France, ce taux atteignait 26,8 % chez les personnes de plus de 65 ans, « ce qui est un sujet de préoccupation », a estimé le Pr Renard, en soulignant que le meilleur contrôle de la glycémie, rapporté dans cette tranche d’âge, se fait probablement au prix d’hypoglycémies.

Au niveau mondial, environ 4 % des diabétiques avaient eu au moins une hyperglycémie exposant à un risque d’acidocétose au cours des 3 derniers mois. En cause notamment, les infections et les omissions d’injections, qui expliquent d’ailleurs le chiffre plus élevé chez les plus jeunes (4,8 %). Ces événements hyperglycémiques sont bien moins fréquents en France (1,9 %), sans doute en raison du large recours aux lecteurs de cétonémie (la moitié des patients).

Les pompes à insuline sont surtout utilisées chez les personnes vivant en Europe occidentale (40 à 50 %), les taux étant plus faibles ailleurs dans le monde (20 %), où les schémas multi-injections avec des analogues de l’insuline prédominent largement. On peut noter la forte adhésion à la mesure continue du glucose uniquement en Europe, particulièrement en France (trois-quarts des patients).

Le choix des insulines se porte principalement sur les analogues de l’insuline, celles de nouvelle génération étant plus utilisés en Asie que dans les autres régions du monde.

Un déficit d’éducation des patients

L’ajustement des doses est réalisé dans de 50 à 70 % des cas par le patient lui-même en Europe (76,8 % en France), mais ce n’est pas le cas dans les autres régions monde, où c’est généralement le médecin qui modifie les doses, en particulier celles des insulines lentes. L’adaptation des doses d’insuline basale se fait ainsi de manière très contrastée selon les pays, allant d’un rythme de plus d’une fois par semaine dans 36 % des cas à moins d’une fois par mois dans 30 % des cas. Ce constat souligne un déficit d’éducation des patients, qui pourrait expliquer que seuls un quart sont à l’objectif.

SFD 2020. Session XXXX

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin