En France, on déplore non seulement 173 décès issus de violences intrafamiliales par an, mais aussi 240 000 viols, dont 130 000 sur mineurs, aboutissant seulement à 17 000 plaintes. Dans le monde, on dénombre 200 millions de filles excisées chaque année et 800 décès liés à un accouchement chaque jour.
Pour le Dr Richard Matis, le président de Gynécologie sans frontières (GSF), les violences faites aux femmes sont une mission centrale des professionnels de santé. Pour apprendre à les dépister, à être accessible, écouter et entendre les réponses, il ne doit pas rester seul. Les maisons des femmes et les services hospitaliers impliqués sont des relais importants. La future plateforme Violences faites aux femmes (VFF) qui verra le jour dès début 2021 va être un outil d’aide précieux. Cette plateforme va comprendre un annuaire, une base documentaire avec des protocoles et aides de prise en charge. Elle sera un outil incontournable pour organiser en réseau la prise en charge des femmes victimes de violences, autant sur le point de vue médical que juridique.
Accès à la chirurgie essentielle
À l’étranger, GSF s’est fixée comme mission, entre autres, de répandre l’accès à la chirurgie essentielle. Elle le fait via une formation qui s’attache à accompagner sans jamais se substituer ; former des formateurs est essentiel pour que l’impact soit le plus large possible. L’organisation a pris conscience de sa responsabilité de ne pas faire plus de mal que de bien dans ses interventions ; intégrer systématiquement au cœur du programme les personnes chez qui l’aide est apportée en est un aspect essentiel. De même, « il est primordial de ne pas créer un besoin en apportant des connaissances à une population qui n’a pas les moyens pratiques et financiers de les mettre en œuvre une fois à l’achèvement du programme mis en place par les associations caritatives », explique le Dr Claude Rosenthal, ancien président de GSF.
Prise en charge des réfugiées
Vingt millions de personnes sont réfugiées dans le monde, dont 2,6 en Europe. Le travail auprès de la population migrante à l’intérieur même de nos frontières est capital, car cette population doit pouvoir trouver une prise en charge médicale adaptée.
En Île-de-France, GSF intervient auprès du centre humanitaire d’urgence d’Ivry-sur-Seine. Une centaine de sages-femmes et une quarantaine de gynécologues-obstétriciens y prennent en charge les femmes, couples et familles réfugiées. En plus des soins apportés quand ceux-ci sont nécessaires, l’accent est porté sur la prévention, la sensibilisation à la contraception, aux infections sexuellement transmissibles, aux inégalités liées au sexe.
La transculturalité est un élément prépondérant pour la bonne prise en charge de cette population : la compréhension du monde de l’autre, une communication adaptée sont essentielles pour ne pas avoir une sensation de soin imposé qui peut être vécu comme une violence.
Au total, GSF est une organisation aux missions variées, qui peut profiter de l’expérience et la motivation de tous professionnels de santé souhaitant s’impliquer dans la santé des femmes.
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