L'innovation technologique a le vent en poupe

Des machines plus précises, moins irradiantes et plus complètes

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Publié le 03/02/2020
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Après les progrès majeurs dans le rapport signal/bruit, la réduction de la dose d’irradiation et la résolution temporelle, permettant l’exploration des organes en mouvement, représentent des avancées décisives liées à l’amélioration de la résolution spatiale des machines.

Finesse de l’analyse sémiologique avec les appareils hybrides

Finesse de l’analyse sémiologique avec les appareils hybrides
Crédit photo : Phanie

Une des sessions du congrès va présenter quelques technologies totalement nouvelles. On ne pensait pas le voir arriver si vite : le scanner spectral à comptage photonique (SPCCT) pourrait être disponible d’ici deux à trois ans. Il vient d’être installé dans les Hospices Civils de Lyon, et le Pr Philippe Douek a mis en évidence ses avantages en termes de résolution spatiale. Il permet des coupes de 100 à 150 micromètres, des matrices de reconstructions en 2048² ; il autorise aussi l’identification de certains matériaux et l’utilisation de nouveaux produits de contraste comme marqueurs de pathologies.

« L’amélioration de la résolution spatiale franchit un nouveau pas avec le scanner à comptage photonique et aussi l’intelligence artificielle (IA), se félicite le Pr Alain Blum, CHU de Nancy. Celle-ci permet de multiplier par un facteur 8 la résolution spatiale, sans chute du rapport signal/bruit. En montrant des éléments qu’on ne pouvait voir auparavant, elle va transformer la façon de travailler, le flux des images et celui des patients. »

« La richesse de l’information et la qualité de l’image sont considérables et apportent un gain majeur dans le diagnostic et donc dans la prise en charge des patients », poursuit le spécialiste. Ce saut qualitatif dans la résolution spatiale ne peut fonctionner qu’avec les nouveaux algorithmes de reconstruction type DLR (deep learning reconstruction), pour compenser le fait que chaque pixel est plus petit. En améliorant la qualité de l’image tout en réduisant l’irradiation des patients, ils représentent une nouvelle étape dans la démarche qualitative.

Adapter le stockage et le traitement des flux de données

La quantité de données recueillies va bouleverser la façon de concevoir les systèmes d’archivage et de transmission d’images (PACS, Picture archiving and communication system), ceux d’aujourd’hui n’étant plus adaptés.

De nouveaux appareils dits hybrides associent la technique de médecine nucléaire à un scanner ou une IRM. Certains scanners associés aux PET ou aux SPECT apportent une qualité correcte permettant d’obtenir une analyse sémiologique fine. Ils fournissent une quantité considérable d’informations, à la fois sur le plan morphologique et fonctionnel, ce qui va amener à modifier les arbres décisionnels diagnostiques et changera peut être la façon de travailler des radiologues et des médecins nucléaires.

Les sociétés qui mettent au point ces outils font preuve d’une grande dynamique. Ainsi une start-up israélienne (Spectrum Dynamics) a conçu un SPECT-CT (Single photon emission computed tomography) qui rend obsolète tous les autres SPECT-CT, de même que les scanners ultra-haute résolution rendent caducs les précédents pour l’analyse par exemple de l’os, du rocher ou des poumons.

« Actuellement, ces nouvelles technologies, souvent plus chères, ne sont disponibles que dans des centres de référence, mais il est licite de penser que dans des délais relativement courts elles seront déclinées sur les appareils moyens de gamme pour être largement diffusés », souligne le radiologue. Des innovations qui, au-delà des bouleversements technologiques, vont révolutionner la pratique des radiologues, leurs relations avec leurs pairs, les « prescripteurs » et les patients, un changement qu’il est indispensable d’anticiper.

Entretien avec le Pr Alain Blum, CHU de Nancy

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin