Les études épidémiologiques donnaient des chiffres hétérogènes sur le Rhumatisme psoriasique (RhPso) selon les pays, et étaient relativement anciennes et parcellaires en France.
Les résultats présentés à la SFR sont issus de la base du Système national des données de santé (recueillies entre le 01/01/2015 et le 31/12/2018), identifiant 63 598 adultes atteints de RhPso chez qui ont été relevés les comorbidités, les traitements prescrits et les évènements cardiovasculaires graves (ECVG). Cette cohorte révèle une prévalence de 0,1 % et une incidence de 8,4/100 000 personnes-années, des chiffres cohérents avec la littérature qui rapporte respectivement 0,01 à 0,19 % et 0,1 à 23/100 000 personnes-années.
La prévalence des pathologies et des comorbidités a été évaluée à partir des codages en affections longue durée, des traitements spécifiques prescrits ou des hospitalisations. On a pu ainsi mettre en évidence 42 % de psoriasis cutanés actifs (traité par topiques), 4 % de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin et 0,1 % d’uvéites associées au RhPso. Ces chiffres concordent avec la littérature, sauf pour l’uvéite sous-estimée car nécessitant peu d’hospitalisations et des traitements non spécifiques. Les comorbidités les plus fréquemment retrouvées sont l’hypertension artérielle (22 %), le diabète (12 %), la bronchopneumopathie chronique obstructive (9 %) et la dyslipidémie (9 %).
Parmi les traitements, les csDMARDs sont prescrits à 26 % des patients (le plus prescrit étant le méthotrexate), les biothérapies à 30 % (adalimumab 36,4 %, étanercept 27 %) et l’aprémilast à 3,5 %. Au moins un AINS et de la prednisone ont été délivrés chez respectivement 70,7 % et 32 % des patients pendant la période d’étude.
Peu d’ECVG sous biothérapies
Dans la littérature, le RhPso semble associé à un surrisque d’ECVG comparativement à la population générale. Certaines études avaient montré une diminution de ces complications sous anti-TNF dans la polyarthrite rhumatoïde et les arguments étaient favorables dans le RhPso, mais les données étaient moins nettes pour les autres biologiques. L’étude a repéré chez les adultes débutant une biothérapie, soit 14 % de la cohorte, qu’il s’agissait d’un anti-TNF pour 77 % (adalimumab le plus souvent), d’un anti-IL12/23 pour 11 %, d’un anti-IL17 pour 12 % et de l’aprémilast pour 3 %.
Les ECVG étaient rares (0,4 % des patients) sur une durée médiane de suivi de 10 mois, mais il s’agissait de critères durs (syndrome coronarien aigu, AVC ischémique) et n’étaient inclus que les sujets sans antécédents cardiovasculaires (CV). Le risque d’évènements est apparu plus faible chez les initiateurs d’anti-TNF que chez les initiateurs d’anti-IL. « Ces données sont rassurantes quant au risque d’ECVG dans le RhPso. Concernant les anti-IL, on ne peut actuellement pas savoir s’ils ne réduisent pas, ou moins que les anti-TNF, le risque CV. On sait que dans le psoriasis les patients à risque CV élevé sont plus exposés à des ECVG dans les six premiers mois après l’instauration d’un traitement par anti-IL12/23. Ces données pourraient inciter le rhumatologue à intégrer le risque CV au moment de choisir la biothérapie », conclut la Dr Laura Pina Vegas.
D’après un entretien avec la Dr Laura Pina Vegas (hôpital Henri-Mondor)
Pina Vegas L et al. Rheumatology 2020,Sep 10;keaa448.
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