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Des choux et des roses aux éprouvettes

Publié le 16/03/2011
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Crédit photo : AFP

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TOUT CELA a permis à l’équipe des Drs Steptoe et Edwards, en 1978, d’aboutir à la naissance de Louise Brown (d’où le prix Nobel attribué à Edwards). En France, Amandine est née en 1982, dans les mêmes conditions grâce à l’équipe du Pr Frydmann à l’hôpital Antoine-Béclère (Clamart). Il y aurait eu, dans le monde, 4 millions de bébés éprouvettes .

L’Assistance médicale à la procréation (AMP) comprend les inséminations intra-utérines (IIU), la fécondation in vitro (FIV) et la micro-injection (ICSI). Les gamètes peuvent provenir du couple infertile mais également de donneurs (dons de sperme, dons d’ovocytes). On peut avoir recours à des mères porteuses en cas de pathologies utérines ne permettant pas la nidation. D’abord réservées au traitement des stérilités tubaires, ces techniques sont actuellement applicables aux stérilités sans étiologie, aux stérilités d’origine masculine.

La FIV se déroule en quatre étapes : a) l’obtention d’ovocytes matures grâce à une stimulation de l’ovulation et le recueil de ces ovocytes; b) la préparation du sperme ; c) la mise en fécondation et la culture in vitro classique (FIV) ou assistée (ICSI) ; d) le transfert in utero du ou des embryons obtenus en sachant qu’à l’heure actuelle on essaye, en implantant le moins d’embryons possibles, d’éviter les grossesses multiples génératrices de prématurité voire de malformations. La tendance est à l’embryon unique.

En France, les femmes mariées ou vivant en couple hétérosexuel depuis plus de 2 ans et en âge de procréer, ont droit à 4 tentatives de FIV remboursées par les caisses d’assurance maladie contre 3 en Allemagne seulement prises en charge chez les femmes de 25 à 40 ans et les hommes de moins de 50 ans. Ces restrictions n’existent pas partout ; c’est la cause première de ce nomadisme dans les pays permettant, de surcroit, les dons d’ovocytes, les prêts d’utérus voire les tentatives chez les homosexuels.

Les résultats varient selon les pays et surtout selon les critères de sélection (âge notamment).

En 2008, en France, 2,4 % des enfants nés étaient issus d’une AMP (rapport Agence de Biomédecine 2010) contre 4 % au Danemark.

L’Agence de biomédecine a publié les chiffres de l’AMP pour 2008 : le taux de grossesses évolutives obtenues par ponction en FIV est de 18,35 % ; il est de 20,6 % pour les ICSI.

Il est interessant de comparer ces chiffres avec les résultats du centre de PMA de l’hôpital de Sèvres : avant 38 ans : 26,1% ; après 38  ans 13,25 %.Les chiffres français certainement liés au fait que 51 % des patientes ont plus de 35 ans. Au Danemark où les femmes sont sélectionnées avant 35 ans avec de bons embryons, il y a 30 % de succès.

Un enfant PMA par classe.

La PMA est-elle sans danger pour l’enfant à naitre ? Pour la FIV, Joëlle Belaisch-Allart rappelle que les premiers enfants commencent eux-mêmes à procréer. Les mères ayant eu une FIV deviennent grand-mères. Rien ne semble montrer, d’ailleurs, que la fertilité de ces enfants pose un problème.

Pour le reste, rien ne semble aller dans le sens d’une augmentation des cancers ou des malformations.

En fait, selon l’étude de Ghazi (1991) et l’étude australienne de Jaques (2010), il ne faut pas perdre de vue que les femmes en question sont infertiles ; c’est cette cause qui explique qu’il peut y avoir plus d’anomalies chez les enfants de l’AMP par rapport aux autres. Le traitement en lui-même ne peut être incriminé. Les femmes sont plus âgées, parfois atteintes d’HTA ou diabète, il peut y avoir des enfants prématurés ou hypotrophiés. C’est pour cela que ces grossesses survenant dans un contexte d’infertilité doivent être considérées comme des grossesses à risque. Dans l’immense majorité des cas, les enfants sont normaux.

Finalement, à part 48 heures hors du ventre, la FIV ou l’ICSI sont des fécondations naturelles, les dons de gamètes pouvant être considérés comme des fécondations assistées. Ces méthodes, en 2011, font partie du paysage. On estime d’ailleurs, qu’un enfant par classe à l’école est actuellement un enfant PMA.

* 9Joëlle BELAISCH ALLART, Présidente du Groupe d’Etude de la FIV en France (GEFF) et vice présidente du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF), Chef du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction, Centre hospitalier des 4 villes à Sèvres (92).

Dr LYDIA MARIÉ-SCEMAMA
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8924
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