Pilule masculine

Encore pour demain

Publié le 25/06/2012
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En 2008, le nombre de grossesses non désirées atteignait 41 % des 208 000 grossesses mondiales, la moitié donnant lieu à des naissances non souhaitées. Aux États-Unis, l’élaboration de mesures pour diminuer ces échecs fait partie des priorités de la fondation Gates, des objectifs du NIH et du programme du Population Council qui vise à améliorer la santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les personnes vulnérables dans les pays en développement, et mène des recherches biomédicales en ce sens. Son centre de recherches de New York est particulièrement impliqué dans la contraception masculine, un domaine qui pourrait bénéficier des nouvelles opportunités scientifiques de la génomique et de la protéomique.

Non hormonales.

Les méthodes contraceptives envisagées chez l’homme incluent l’implant d’un androgène qui ne stimule pas l’activité de la prostate. L’identification de cibles spécifiques du spermatozoïde que l’on est capable de bloquer sélectivement pour diminuer la motilité du sperme ou sa maturation devrait donner naissance à un éventail d’options alternatives non hormonales. Avant son étude chez l’homme, la validation d’une telle cible nécessite plusieurs pré-requis, notamment de disposer d’un modèle animal adéquat permettant sa délétion sans aucune autre modification, telles les souris knock-out pour un gène. Plusieurs axes de recherches poursuivis dans les universités de différents pays ont permis d’identifier des cibles prometteuses.

On doit aux travaux de Chuen-yan Cheng* l’Adjudin (ADherens Junction DIsruptioN), dérivé de l’anticancéreux lonidamine, qui induit le détachement prématuré des spermatides de l’épithélium séminifère. Les canaux ioniques spécifiques des flagelles des spermatozoïdes sont des cibles pharmacologiques idéales, à l’image de CatSper (CATion channel, SPERm associated) découvert dans le laboratoire de David Clapham (hôpital pour enfants de Boston) dont le blocage peut être envisagé soit par des petites molécules soit par immunologie. Une autre approche est basée sur l’interaction de la protéine Eppin (EPididymal Protease INhibitor), un antigène de surface des spermatozoïdes, avec la séménogéline, glycoprotéine responsable de la viscosité du sperme au moment de l’éjaculation, produite par les vésicules séminales, pour inhiber la mobilité du sperme. L’inhibition de l’isoforme testiculaire de la glyceraldehyde-3-phosphate déshydrogénase (GAPDH) est très avancée dans son développement, tandis que la manipulation de la voie de la signalisation de l’acide rétinoïque par un antagoniste du récepteur RAR peut représenter une piste nouvelle de développement de contraceptifs masculins par inhibition de la spermatogenèse (1).

D’après la communication du Pr Régine Sitruck-Ware, endocrinologue spécialiste de la reproduction, centre de recherches biomédicales du Population Council, Professeur à l’université Rockefeller, New York.

*Centre de recherches biomédicales de New York du Population Council

1. Chung SS et coll. Oral administration of a retinoic acid receptor antagonist reversibly inhibits spermatogenesis in mice. Endocrinology. 2011 Jun;152(6):2492-502.

 DOMINIQUE MONNIER

Source : Le Quotidien du Médecin: 9147