Touchant environ 150 millions de personnes chaque année dans le monde, les infections urinaires sont très fréquentes et constituent une véritable problématique, pas seulement pour les urologues. « Nous sommes de plus en plus souvent confrontés à des situations difficiles pouvant conduire à une impasse thérapeutique », a indiqué le Pr Albert Sotto, avant de rappeler l’alerte mondiale récente sur les entérobactéries, notamment de groupes 2 et 3. À côté de ce problème pharmacodynamique lié aux résistances bactériennes, les praticiens sont aussi confrontés à l’écueil pharmacocinétique rencontré avec le biofilm, chez les patients porteurs de matériaux.
Parallèlement, le mésusage des antibiotiques, via leur effet sur le microbiote intestinal, peut donner lieu à l’émergence de mutants résistants. Ceux-ci peuvent devenir pathogènes pour la sphère urinaire, induisant ainsi un cercle vicieux.
Vers une alternative à l’antibiothérapie
Des alternatives naturelles à l’antibiothérapie se sont développées, comme le recours à la canneberge ou aux bactériophages. Cette dernière approche n’est pas récente, son principe avait été découvert par Félix d’Hérelle en 1915, lors de l’étude d’une épidémie de dysenterie. Le recours à des virus n’infectant que des bactéries pour traiter des infections a ensuite été appliqué dans d’autres domaines, comme la dermatologie et la chirurgie. Puis, l’intérêt porté à la phagothérapie a décliné avec l’avènement des antibiotiques, sauf dans certains pays de l’Est où son développement s’est poursuivi.
Les bactériophages, très abondants dans la biosphère, sont des virus spécifiques d’une bactérie. Ils se fixent sur la bactérie et y injectent leurs matériels génétiques, afin de s’y multiplier et d’entraîner la lyse bactérienne.
« Leur mode d’action a été très étudié in vitro, mais les essais cliniques chez l’homme sont peu nombreux, ce qui ne permet pas de conclure sur leur efficacité », a précisé le Pr Sotto. Mais les recherches se poursuivent, en raison des multiples avantages de cette approche par rapport aux antibiotiques : spécificité, réplication du phage au site de l’infection, peu d’effets secondaires, absences de résistance croisée, production plus simple.
Le futur pourrait venir de phages lytiques naturels (seuls ou en cocktail) ou génétiquement modifiés, ou encore d’enzymes phagiques.
D’après les communications des Prs Albert Sotto (Nîmes), Vincent Cattoir (Rennes) et Franck Bruyère (Tours).
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