Les psychiatres divisés sur la légalisation du cannabis

Les psychiatres sont souvent en contact avec des consommateurs de cannabis. Que pensent-ils d’une éventuelle légalisation ? Les résultats d’une enquête réalisée sur ce sujet d’actualité ont été présentés par le Dr Léa Leclerc (Lyon) qui a reçu le prix du Congrès de l’encéphale. Les premiers résultats montrent qu’une large majorité (77 %) des 400 psychiatres sondés voient plutôt d’un bon œil la légalisation du cannabis à usage médical tandis que 53 % sont également favorables à la légalisation du cannabis à usage récréatif, arguant une diminution du marché noir et de la criminalité, la possibilité de faire de la prévention et de protéger les populations vulnérables, ainsi qu’un meilleur contrôle de la qualité des produits.

Ceux qui y sont défavorables évoquent leurs craintes d’impacts sur la santé et les conséquences sociétales (accidents de la route, décrochage scolaire, violences…). Quant à l’éventuel lien entre la légalisation du cannabis récréatif et la hausse des troubles psychotiques, les avis sont partagés : 46 % pensent que ce lien existe, 42 % ne sont pas d’accord et 12 % n’ont pas d’avis.

En fait, qu’en est-il ? Différentes études ont bien montré le lien entre le risque d’apparition de troubles psychotiques et la consommation de cannabis, avec une relation dose-effet. Une méta-analyse de référence a confirmé que l’usage fréquent de cannabis était associé à un risque ultérieur de psychose (RR=2,10). L’effet est moins net sur les autres troubles psychiatriques. Le cannabis est un facteur de risque et un facteur aggravant. « Quant à savoir si l’incidence des troubles psychotiques augmente avec la légalisation, les études sont beaucoup moins nombreuses et il n’y a pas assez de recul… », a expliqué le Dr Baptiste Pignon (Créteil). On n’a pas observé de flambée de ces troubles dans les pays qui ont récemment légalisé le cannabis, comme le Canada, l’Uruguay ou les États-Unis.