Migraine : entre innovations et déceptions

Publié le 22/02/2024
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Si les possibilités thérapeutiques sont de plus en plus nombreuses, les remboursements ne suivent pas toujours et certaines pistes déçoivent.

Crédit photo : BURGER / PHANIE

Le traitement de la migraine déçoit car, si des innovations ont été constatées, elles ne peuvent être toujours appliquées en France, a regretté le Dr Michel Lantéri-Minet, neurologue au CHU de Nice. Alors que 4 anticorps monoclonaux anti-CGRP ont obtenu une AMM européenne en prophylaxie de la migraine (eptinézumab, érénumab, galcanézumab, frémanézumab), aucun parmi ceux disponibles en France n’est encore remboursé, même dans l’indication cible retenue (migraine de plus de 8 jours par mois après échec de deux traitements prophylactiques). Or le coût du traitement est de 250 à 300 euros par mois. Au vu des données de méta-analyse, l’activité des anti-CGRP semble comparable à celle de la toxine botulinique, qui a obtenu une AMM il y a deux ans dans la migraine, soit bien plus tardivement que dans les autres pays européens.

La tolérance du topiramate en question

Autre déception, le topiramate, dont la place dans le traitement de fond de la migraine est remise en question pour des motifs d’efficacité dans la migraine chronique et, surtout, de tolérance (risque potentiellement accru de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant en cas d’exposition in utero). Pour ce motif, le prescripteur (neurologue ou pédiatre) doit désormais obtenir un accord de soins annuel cosigné par les patients traités.

Deux gépants oraux autorisés en Europe

En revanche, bonne nouvelle, l’obtention, le 22 novembre 2023, d’une AMM européenne pour deux gépants oraux (atogépant, rimégépant), des antagonistes chimiques du récepteur du CGRP dénués de la toxicité hépatique qui avait été déplorée avec les premiers d’entre eux. Le rimégépant a la particularité d’être doté d’une double efficacité, en prophylaxie et en traitement de la crise migraineuse. « Ce qui modifie le paradigme thérapeutique », a considéré le Dr Lantéri-Minet.
Le lasmiditan, un médicament de la classe des ditans, des agonistes des récepteurs 5-HT1F, a aussi démontré une efficacité contre placebo, mais pourrait exposer à des effets centraux (somnolence…).

Enfin, après le traitement de crise, une étude vient de montrer l’efficacité en traitement de fond de la stimulation au bras grâce au dispositif Nerivio, qui dispose d’un marquage CE. La double stimulation supra-orbitaire et occipitale (Relivion) a également mis en évidence son efficacité pour le traitement des crises mais n’a pas encore obtenu de marquage CE.

D’après la communication « Innovations thérapeutiques dans le traitement de la migraine » – congrès SFETD 2023


Source : Le Quotidien du Médecin