À chacun sa place

Gradation avec prudence

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Publié le 03/06/2019

« Il existe deux préalables avant de discuter de toute gradation des soins : le premier passe par une régulation médicale confortée. On ne peut pas se permettre d’avoir une gradation de l’offre sans une bonne orientation du patient au bon moment, au bon endroit et avec le bon plateau technique. Cela implique aussi un travail de réflexion sur le transport sanitaire urgent, ce qui reste une question difficile en France », estime la Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la Société Française de médecine d’Urgence. Autre impératif : faire une différence entre des structures capables de prendre en charge l’urgence vitale et celles ayant vocation à recevoir des soins non programmés et non urgents. « Il n’est pas question de transiger sur la qualité, insiste la Dr Agnès Ricard-Hibon. Il peut y avoir une gradation dans l’offre de soins mais un service d’urgence doit garder un plateau technique suffisant et un accès à l’imagerie pour prendre en charge ce qui relève vraiment de l’urgence. » Bien sûr, tous les services d’urgence en France ne peuvent avoir un accès immédiat à de la chirurgie cardiaque, de la neurochirurgie ou à une unité neurovasculaire. « Dans cette restructuration tout devra se faire en fonction des plateaux techniques, des expertises et des compétences », souligne-t-elle.

Faut-il, comme pour d’autres activités, restructurer en tenant compte d’un seuil minimal d’activité ? « C’est une question complexe et, à la SFMU, nous nous refusons à fixer un seuil minimal car tout dépend de la typologie des patients. Un service peut avoir 15 000 passages par an mais avec beaucoup de soins non programmés alors qu’un autre, isolé géographiquement, pourra n'en avoir que 12 000 mais dont beaucoup d’urgences vitales », indique la présidente, en soulignant la nécessité, en revanche, d’avoir des seuils maximaux : « la surcharge des services d’urgence augmente la morbimortalité de 9 % et même de 30 % pour les patients les plus graves selon les données internationales ».

Entretien avec la Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la Société française de médecine d’Urgence

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9754