Pour la qualité et la sécurité des soins

Le chantier de la régulation est lancé

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Publié le 03/06/2019
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Crédit photo : PHANIE

En mai 2018, quelques mois après le décès de Naomi Musenga (1), la ministre de la santé Agnès Buzyn réunissait les urgentistes et leur demandait une feuille de route pour améliorer le système de régulation. Depuis, trois grands axes de travail ont été identifiés par les professionnels de l’urgence afin de mettre en place une véritable politique d’assurance qualité au sein des Samu – centres 15. « La qualité et la sécurité étant intimement liées, pour les patients comme pour les équipes, il fallait agir sur ces deux volets », témoigne le Pr Pierre Carli, Président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH) et médecin chef du Samu de Paris.

Participation à la certification des hôpitaux

Au cœur des débats suite au drame de Strasbourg, cette problématique répond à un constat partagé aussi bien par les autorités et les professionnels de santé que par le public : la nécessité de la sécurisation des soins prodigués aux patients, à toutes les étapes du parcours. Cela passe par une mesure phare, la certification par la Haute autorité de santé (HAS). « Nous avons plaidé pour que la régulation médicale soit intégrée dans la certification des établissements de santé à l’horizon 2020, qui est en cours d’élaboration, complète le Pr Pierre Carli. Notre travail a porté ses fruits : la HAS a reconnu la régulation médicale comme un secteur d’activité à risques, au même titre que les blocs opératoires par exemple et, à partir de 2021, tous les SAMU seront intégrés à la certification de l’établissement dans lequel ils sont installés, avec les mêmes exigences de qualité et de sécurité que les activités à risques de l’hôpital. C’est une avancée considérable pour améliorer la régulation médicale. »

Déclaration des événements indésirables

La deuxième mesure pour améliorer la qualité et la sécurité porte sur la formation des assistants de régulation médicale (ARM) (voir ci-XXX), et la troisième, également fondamentale, concerne la déclaration des événements indésirables. « Comment déclarer ce qui ne va pas, c’est une question centrale ! En effet, ne pas cacher ce qui dysfonctionne et savoir comment le signaler est un préalable à toute démarche d’assurance qualité. Dans ce contexte, avoir des règles claires – et partagées par tous  pour déclarer les événements indésirables est une nécessité », souligne le spécialiste. Associé à la SFMU, Samu-urgence de France (Sudf) a donc réalisé un important travail sur cette question. En mars dernier, Sudf a ainsi publié une nouvelle liste de douze recommandations pour la gestion des évènements indésirables graves associés à des soins (Eigs) dans les Samu-Smur. Pour éviter une sous-déclaration des Eigs, comme l'avait pointé la HAS par le passé, Sudf recommande notamment que le signalement se fasse systématiquement auprès de la cellule qualité de l’établissement siège de Samu-centre 15 et sur le portail de signalement de l’Agence régionale de santé (ARS).

Adoption de principes communs

« Enfin, dans le cadre de cette démarche qualité, une autre action intéressante est le Programme d'amélioration continue du travail en équipe (Pacte) », ajoute le Pr Carli. Un programme qui met l’accent sur la bonne marche du travail en équipe, un point incontournable pour les professionnels de la régulation médicale.

Avec des mesures à court (lancement de la formation ARM en septembre 2019) ou moyen terme (certification V2020), la politique de qualité, soutenue par le ministère de la Santé, est bel et bien enclenchée. Et cela d’autant plus que, comme le souligne le Pr Carli, les acteurs de l’urgence ne partaient pas de zéro : « on est en train d’harmoniser et d’homogénéiser les pratiques au niveau national. Des initiatives pertinentes se déroulaient sur les territoires, mais il s’agit désormais d’adopter et de partager des principes communs. »

(1) Cette jeune femme résidant à Strasbourg est décédée après un appel traité avec mépris par une opératrice du Samu

Anne-Lucie Acar

Source : Le Quotidien du médecin: 9754