Organisation aux urgences

Des solutions pour le parcours de soins

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Publié le 03/06/2019

Les urgentistes se trouvent confrontés d'importants défis, et avant tout le nombre croissant de sollicitations. « Aujourd’hui, une bonne partie de la population appelle le 15 pour des situations relevant de la médecine générale, en particulier dans les horaires de la permanence des soins (PDS), soit de 20 h à 8 h. Dans la majorité des Samu, ces appels PDS représentent la moitié des appels reçus au centre 15 », explique le Pr Vincent Bounes, responsable du Samu 31 à Toulouse.

Pour réguler au mieux ce flux d’appels, certaines régions ont mis en place deux numéros différents. « Nous avons le numéro Allo docteur, destiné aux problèmes de médecine générale. Diffusé par la presse, il commence à être connu de la population. Mais l’appel est payant alors que la communication au 15 est gratuite. Certains préfèrent faire le 15 car ils ont compris que, dans les deux cas, les appels aboutissent au même endroit, c’est-à-dire à un assistant de régulation du Samu », indique le Pr Bounes.

Cet afflux de patients se retrouve aussi au sein des urgences, qui, bien souvent, ont du mal à trouver des lits d’hospitalisation d’aval. Avec une perte de chance pour les patients en attente. C’est ce que montre une étude rétrospective réalisée aux urgences de Nîmes qui, en 2017, ont admis 60 062 patients adultes. Sur les 15 496 patients hospitalisés, 6 997 l’ont été pour une étiologie médicale, dont 2 546 (36 %) immédiatement et 4 451 (64 %) après attente. « Après pondération, nous avons retrouvé une différence dans le taux de mortalité : 7,8 % dans le groupe avec attente contre 6,3 % dans le groupe sans attente. Cette différence d’un et demi-pourcent est très importante sur de la mortalité intra-hospitalière. Cela veut dire qu’il y a une personne qui meurt tous les 60 patients en attente, précisément à cause de cette attente », explique le Dr Pierre-Géraud Claret, en précisant que cette mortalité touche principalement les patients les plus âgés et fragiles.

Une adaptation du DES

Un autre défi pour les urgentistes est aussi, parfois, d’assumer de nouvelles missions, comme la réalisation des déchocages, autrefois plutôt réservée aux anesthésistes-réanimateurs mais désormais de plus en plus partagée au sein des CHU. « La mise en place du DES de médecine d’urgence va probablement faire évoluer les choses. Dans le nouveau cursus, un accent tout particulier est mis sur l’accueil des polytraumatisés. Les jeunes urgentistes qui vont en sortir seront parfaitement formés à la pratique du déchocage », indique le Dr Guillaume Valdenaire, urgentiste au CHU de Bordeaux.

Enfin, les urgentistes doivent aussi miser sur les nouvelles technologies. Un tournant auquel se prépare le Samu de Moselle où certains ambulanciers, infirmiers ou médecins du Smur sont équipés avec des Google glass. « Grâce à ces lunettes, le médecin régulateur peut avoir les images et le son du lieu d’intervention, en complément du dialogue téléphonique. Cela peut notamment avoir un intérêt quand il est en liaison avec un professionnel qui n’est pas en capacité de restituer fidèlement la situation de manière optimale, et ainsi permettre une meilleure réactivité du Samu avec adaptation des moyens déployés en conséquence », précise le Dr Elies André, urgentiste au Samu 57.

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9754