Assistants de régulation médicale

Une formation diplômante dès septembre

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Publié le 03/06/2019
ARM

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Crédit photo : PHANIE

« Nous appelions cette formation de nos vœux depuis plusieurs années : en effet, avec l’explosion du nombre d’appels au Samu et face à la complexité des situations, il était totalement inadapté que les personnes recevant ces appels aient à se former "sur le tas". » Ayant participé à la fondation du Samu à Amiens dans les années 1980, la Pr Christine Ammirati, cheffe du pôle médecine d'urgence, médecine légale et sociale du CHU Amiens-Picardie et présidente de l’association nationale des centres d’enseignement des soins d’urgence (Ancesu), œuvre depuis longtemps pour permettre une meilleure organisation de la médecine d’urgence. En juin 2016, un « référentiel métier assistant de régulation médicale » avait été élaboré par différents acteurs de l’urgence, dont l’Ancesu, sous l’égide de la SFMU. Le rôle et les fonctions de l’ARM au sein du Samu étaient ainsi détaillés, mais la question de la formation ne faisait pas encore l’objet d’un consensus.

Programme pédagogique

Début janvier 2019, le ministère de la santé mandate un groupe de travail pour élaborer le programme pédagogique d’une telle formation. Il s’agit de l’une des mesures enclenchées par les pouvoirs publics pour améliorer la qualité et la sécurité au sein des Samu – centres 15. « Associations, syndicats, fédérations hospitalières… Notre groupe de travail était multipartite, mais nous avons tous avancé dans la même direction, en synergie », se félicite la Pr Christine Ammirati. En deux mois et demi, les participants ont travaillé les points suivants : les missions de l’ARM, les compétences requises, la formation à suivre pour acquérir ces compétences. « Nous avons ainsi défini quatre blocs de compétences : le traitement d’un appel ; le suivi des moyens ; la qualité, la sécurité et le traitement des informations ; et, enfin, les situations sanitaires exceptionnelles », détaille-t-elle. Ce cursus devrait être dispensé sur une année complète de 1 470 heures : 50 % de la formation portera sur un enseignement théorique, et l’autre moitié sera consacrée à l’enseignement pratique, avec des stages. « Notre objectif était de favoriser les passerelles – avec des blocs de compétences bien identifiés –, tout en privilégiant la pratique, l’expérience et la simulation », détaille la spécialiste.

Apaiser l’appelant

Avec une alternance entre enseignement théorique et stages dans les centres de régulation du 15 mais aussi dans les Smur, les services d’urgence et les centres d’appels publics ou privés, l’objectif est de permettre aux étudiants d’avoir une vraie connaissance du réseau de la santé et de ses partenaires. En outre, un point très important de la formation concerne la communication : « apprendre à prendre en charge un appel, à gérer le stress de l’appelant et son propre stress, tout cela peut passer par des cours de communication et de psychologie, qui permettent d’avoir les clefs pour recueillir les informations essentielles à sa prise en charge médicale, ajoute la Pr Ammirati. Alors que le Samu est une véritable interface entre les citoyens et les établissements de santé, les ARM auront désormais une formation adaptée pour réaliser leur métier dans de bonnes conditions. » La mise en place de ce cursus est prévue pour septembre prochain, et l’appel à projets est désormais lancé. Et, pour les ARM déjà en poste, une formation continue diplômante prenant en compte leur ancienneté et leurs besoins sera mise en place.

Entretien avec la Pr Christine Ammirati

Anne-Lucie Acar

Source : Le Quotidien du médecin: 9754