Des simulations pour diminuer l'attente

Une organisation scientifiquement évaluée

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Publié le 11/06/2018
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recherche orga

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Crédit photo : PHANIE

L’augmentation constante de l’activité des services d’urgence a amené à penser l’organisation des urgences comme un thème de recherche scientifique en lui-même. « L’organisation des urgences requiert de s’adapter en permanence à l’afflux de patients grâce à des outils prédictifs de l’activité mais aussi à la gestion du problème que constitue l’aval, avec les besoins en lits d’hospitalisation », détaille le Dr Mathias Wargon (chef de service des urgences SMUR, St Denis).

Le Pr Enrique Casalino (Bichat) a montré qu’on pouvait améliorer l’activité des urgences en les organisant non plus par flux médical ou chirurgical mais en filières hiérarchisées selon la gravité. Ce type d’organisation a été évalué de façon scientifique grâce à divers indicateurs de crowding développés au début des années 2000. La collaboration avec l’école centrale de Paris a permis de faire des simulations du fonctionnement des urgences, afin de repérer les points de blocage, les possibilités d’amélioration ou les postes de personnel dans lesquels investir pour diminuer les temps d’attente. Il est plus facile de réorganiser des box virtuellement, surtout lorsque les résultats sont négatifs !

Échelle French

La recherche scientifique sur l’organisation des urgences a par exemple montré dans une étude récente (1) que des réunions médicales plus nombreuses diminuaient les erreurs. Diverses échelles de tri aux urgences sont utilisées et évaluées. La « French », développée avec la SFMU, pourrait proposer de rechercher une place d’hospitalisation dès le stade du tri réalisé à l'accueil par les infirmiers, en fonction de protocoles destinés à hiérarchiser la gravité des patients.

L’attente reste un gros point noir aux urgences et fait l’objet d’une recherche active notamment en France. L’équipe du Pr Casalino montre ainsi que ceux qui attendent le plus sont les sujets les plus âgés, dont la prise en charge est plus longue, les examens plus nombreux, et la place en hospitalisation plus difficile à trouver. Les personnes les plus graves sont ceux dont la prise en charge est la plus rapide.

Des études assez anciennes montrent que l’activité des urgences est relativement prédictible à de rares exceptions près, et plus on travaille à l’échelon d’une région, plus les résultats sont précis. On peut aussi maintenant prévoir les besoins en lit mais sans que cela ne débouche actuellement sur des outils pratiques pour leur gestion.

D’après un entretien avec le Dr Mathias Wargon, chef de service urgences SMUR (St Denis), coordonnateur de la commission des experts urgences ARS IDF, trésorier de la SFMU
(1) Communication du Dr Yonathan Freund au congrès

Dr Maia Bovard Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin: 9672