Bilan du plan Santé mentale 2005-2008

Le généraliste, ce grand oublié

Publié le 24/11/2011
Article réservé aux abonnés
1322100876302423_IMG_72260_HR.jpg

1322100876302423_IMG_72260_HR.jpg
Crédit photo : S TOUBON

ALORS QUE l’élaboration du deuxième plan Santé mentale (2011-2015) n’a réellement débuté qu’il y a un mois, la publication de l’évaluation du premier plan (2005-2008) se faisait attendre. Mardi, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a publié son rapport d’évaluation, réalisé entre septembre 2010 et octobre 2011.

En préambule, le Haut Conseil souligne les « difficultés et limitations » rencontrées au cours du travail d’évaluation, principalement liées à la multiplicité des objectifs et mesures du plan (210), la diversité des acteurs impliqués dans leur mise en œuvre et les lacunes de l’information disponible. Passé ce constat, le Haut Conseil juge « pertinente » la conception générale du premier plan santé mentale (PPSM). Ce dernier s’est révélé « un bon outil de mobilisation et de mise en synergie des acteurs, tant au niveau régional qu’à celui des administrations en charge du pilotage national », souligne le rapport. En matière d’offre de soins, le PPSM a permis « un effort significatif d’amélioration quantitative et qualitative », avec, notamment, « un renforcement de la prise en charge ambulatoire » (CMP, psychiatrie de liaison, interventions à domicile...), « davantage cependant pour la psychiatrie générale que pour la psychiatrie infanto-juvénile » et de manière inégale selon les régions. Au niveau de la coordination du système de soins, « le plan comportait peu d’éléments de nature à faire évoluer les organisations, les pratiques de soins et la coopération entre les structures ». À ce titre, le PPSM « n’a eu qu’un impact limité sur le rôle des médecins généralistes », ces derniers étant « loin d’avoir trouvé leur place dans l’offre de soins en psychiatrie et santé mentale ».

Au chapitre accompagnement social, « certains progrès sont notables » avec le développement des services d’accompagnement médicosocial pour les adultes handicapés (SAMSAH), des services d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) ou des groupes d’entraide mutuelle (GEM). Le HCSP souligne toutefois que « les avancées en matière d’accompagnement social s’expliquent largement par la publication concomitante de la loi sur le handicap de février 2005 et du plan d’accompagnement pluriannuel des personnes handicapées psychiques », le PPSM n’ayant in fine qu’un « effet amplificateur ». La question du logement ordinaire et des structures d’hébergement reste par ailleurs un « point noir » du volet social de ce plan.

La recherche négligée.

Le rapport est encore plus critique s’agissant de la recherche en santé mentale,qui s’est timidement développée ces dernières années par le biais des orientations des programmes hospitaliers de recherche cliniques (PHRC). Mis en place dans le cadre de ce plan, une intercommission INSERM, ainsi qu’un GIS épidémiologie, ont été abandonnés « avant d’avoir produit leurs effets ». À peine évoquée dans le PPSM, la recherche en sciences sociales demeure « sous-développée dans notre pays, malgré ses enjeux reconnus ». Dans le domaine des systèmes d’information sur l’offre de soin et l’activité des établissements, le rapport souligne des progrès mais aussi des insuffisances, qui concernent surtout le secteur médico-social.

Dans la perspective du nouveau plan, le HCSP estime que l’accent doit être mis sur la continuité de la prise en charge, l’amélioration de l’accès aux soins, la prévention et l’intervention précoce dès la petite enfance, l’intégration sociale de la psychiatrie et de la santé mentale, l’amélioration de la connaissance des besoins et des pratiques. « Il existe de nombreuses expériences innovantes dans divers domaines (prise en charge ambulatoire, accompagnement social…) et dispersées sur tout le territoire. Il serait utile de les repérer, de les capitaliser et de les diffuser après évaluation », suggère notamment le HCSP.

 DAVID BILHAUT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9047