Des cofacteurs associés aux anaphylaxies

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Publié le 26/05/2023
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Les manifestations cliniques de l’anaphylaxie peuvent être amplifiées par de nombreux facteurs, inhérents au patient et à son environnement. Une analyse des données du réseau d’allergovigilance permet de mieux les identifier, pour déterminer des groupes à risque d’anaphylaxie sévère.
L’incidence est plus élevée en cas de comorbidités

L’incidence est plus élevée en cas de comorbidités
Crédit photo : GARO/PHANIE

Les données collectées par le réseau d’allergovigilance ont permis de recenser 792 cas d’anaphylaxie sévère (grades II à IV selon la classification de Ring et Messmer) déclarés entre 2016 et 2020, dont 415 chez des adultes et 377 chez des enfants (1). Des cofacteurs ont été identifiés chez un tiers des patients : il y en avait davantage chez les adultes (46 %) que chez les enfants (18,6 %).

Effort physique pour les aliments

607 déclarations concernaient une anaphylaxie alimentaire. L’aliment le plus fréquemment en cause était l’arachide chez les enfants et les adolescents. Des cofacteurs ont été identifiés chez 34 % des patients. Le plus fréquemment rapporté, indépendamment de l’âge, a été l’effort physique.

Chez les enfants et les adolescents, les autres cofacteurs identifiés étaient, par ordre décroissant, l’exposition à des extrêmes de températures, les pics polliniques, le stress, la fatigue et la prise concomitante de médicaments (AINS, IPP et bêtabloquant). Chez les adultes, la prise de médicaments et la consommation d’alcool arrivaient en premier.

Médicaments, hyménoptères : âge avancé et asthme

Concernant l’anaphylaxie médicamenteuse, 129 cas ont été déclarés (4 enfants et 125 adultes). 30 % avaient des cofacteurs associés : un âge avancé (≥ 60 ans), des antécédents de réaction anaphylactique, un asthme non traité ou mal contrôlé, une pathologie cardiaque ou d’autres polymorbidités sévères, une allergie alimentaire (arachide, noix, poisson et/ou crustacés) ou encore une autre allergie médicamenteuse.

Enfin, 56 cas d’anaphylaxie aux venins d’hyménoptères (93 % chez des adultes) ont été recensés. Des cofacteurs associés ont été rapportés chez 37 % des patients adultes, essentiellement de sexe masculin. Il s’agissait de l’âge avancé, l’asthme, une BPCO, des traitements à visée cardiaque, le sexe masculin, un grand nombre de piqûres, un court intervalle de temps entre deux anaphylaxies, la localisation de la piqûre, l’absence de symptômes cutanés, des taux sériques de tryptase élevés au départ ainsi qu’une comorbidité cardiovasculaire associée.

De manière générale, l’incidence de l’anaphylaxie était plus élevée chez les patients souffrant de comorbidités (maladies cardiovasculaires, rhinite allergique, asthme, maladies thyroïdiennes, diabète de type 2). Les cofacteurs et les comorbidités sont âge-dépendants.

Les auteurs soulignent que ces cofacteurs ne sont pas assez connus du personnel médical, paramédical et de l’entourage du patient allergique, alors qu’ils interviennent dans 30 % des cas. Un recueil systématique de ceux-ci, ainsi que des comorbidités, devrait être réalisé ; la tryptase peut être dosée lors de l’incident et à distance, pour mieux définir les phénotypes à risque de réaction sévère.

À noter, chez les patients présentant un antécédent suggérant une anaphylaxie, mais dont le résultat est négatif au test de provocation, il importe de bien considérer les cofacteurs associés.

Exergue : Un phénomène encore peu connu alors qu’il détermine la réaction

(1) Bradatan E. et al. Rev Fr allergol. Avril 2023(63)3:103329

doi:10.1016/j.reval.2023.103329

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin