Le diabète gestationnel est dépisté depuis 2011 dès le premier trimestre de grossesse par une glycémie à jeun puis entre 24 et 28 semaines par une hyperglycémie provoquée (HPGO) dont les seuils ont été revus à la baisse. C'est en effet entre 24 et 28 semaines qu'apparaît classiquement une insulinorésistance physiologique chez la femme enceinte destinée à orienter les apports énergétiques vers le fœtus. Il s'agit de la principale cause de diabète gestationnel liée à une insulinopénie relative chez certaines femmes.
Des complications maternofœtales plus fréquentes
En 2011, la prévalence du diabète gestationnel en France était de 6,4 %. En 2013, d'après une analyse des données du Système national d'information interagîmes de l'Assurance maladie (SNIIRAM) la prévalence s'élève à 8,6 % (1). La prévalence continue donc à augmenter. Parmi eux, plus d'un quart a été diagnostiqué précocement (27 %). Or « malgré sa prise en charge, ce diabète gestationnel précoce est associé à un moins bon pronostic maternofœtal que le diabète gestationnel apparaissant vers le 6e mois de grossesse (55 % des cas) », résume Nolwen Regnault (Santé publique, Saint Maurice). Par comparaison, les césariennes sont plus fréquentes et les nouveau-nés ont un surrisque supplémentaire de surpoids pour l'âge gestationnel.
Dysrégulation glycémique pré-existante
Parmi les diabètes gestationnels précoces, un certain nombre correspond à des diabètes de type 2 ignorés. Mais quid des autres qui apparaissent avant même l'installation de l'insulinorésistance physiologique ? Pour en savoir plus une cohorte rassemblant des femmes enceintes diagnostiquées diabétiques de type 2 au premier trimestre ou ayant développé un diabète gestationnel précoce ou tardif (après 22 SA) a été étudiée (2). Lors de leur prise en charge, l'exposition aux dysglycémies à moyen terme (HbA1c) et plus long terme (marqueurs de glycation sous cutanés) était mesurée.
« Nos résultats plaident la présence d'une dysrégulation glycémique pré-existante à la grossesse chez les femmes développant un diabète gestationnel précoce », explique Emmanuel Cosson (CHU Jean Verdier, Bondy). En effet l'HbA1c n'est élevée que dans les diabètes de type 2 ignorés. En revanche les marqueurs de glycation sous cutanés sont augmentés à la fois dans les diabètes ignorés et les diabètes gestationnels précoces.
Une population particulièrement à risque en post-partum
Une étude monocentrique menée à Marseille s'est penchée sur le devenir des femmes ayant fait un diabète gestationnel et relevant donc d'un dépistage de diabète de type 2 ultérieur. Au total les glycémies post-partum de 350 femmes dont 60 % avaient fait un diabète gestationnel précoce et 40 % un diabète gestationnel tardif ont été examinées. On est à 3,6 % de diabète de type 2 post-partum après diabète gestationnel précoce versus 0,8 % après diabète gestationnel tardif néanmoins la différence n'est pas significative. Mais l'intolérance aux glucides est significativement plus fréquente - 10,8 % vs 3,25 - et apparaît plus vite - 15 mois vs 19 mois - après diabète gestationnel précoce. « Les femmes ayant fait un diabète gestationnel constituent donc une population particulièrement à risque d'évolution vers une intolérance glucidique ou un diabète. En pratique clinique, on devrait donc se concentrer sur elles », selon la Dr Marie Françoise Jannot-Lamotte (CHU de Marseille).
D'après les interventions de
(1) Regnault N et al Un pronostic materno foetal différent suivant la date de diagnostic du diabète gestationnel: données de 788.494 femmes ayant accouché en france en 2013
(2) Cosson E et al. Le diabète gestationnel précoce correspond il à une dysglycémie méconnue avant la grossesse: argumentation à partir de marqueurs métaboliques au moment de la prise en charge
(3) Jannot-Lamotte MF et al. Prévalence du diabète de type 2 chez les patientes ayant présenté un diabète gestationnel diagnostiqué avant 24 SA
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