« L'anxiété, la dépression et les troubles du sommeil paradoxal surviennent très tôt dans la maladie de Parkinson (MP), dans les quatre à cinq ans avant l'apparition des perturbations motrices, et persistent à long terme. En cas de symptôme moteur, ils sont très évocateurs ! », souligne le Pr Dominique Drapier, psychiatrie à Rennes.
Une dépression est retrouvée chez 20 % des patients atteints d'une MP. « Et certains facteurs sont à risque de dépression en cas de MP : sexe féminin, stade et sévérité de la maladie, durée d'évolution, début avant 50 ans, atteinte cognitive et apathie, douleurs chroniques, dysautonomie, fluctuations motrices, antécédent familial de dépression, mutation LRRK2 », rappelle le Pr Drapier. La principale difficulté est de poser le diagnostic de dépression, en raison de symptômes inhérents à la MP : ralentissement psychomoteur, fatigue, perte de libido, troubles du sommeil et cognitifs, plaintes somatiques. « Une humeur dépressive persistante et prédominante plutôt le matin doit alerter, tout comme davantage d'irritabilité, de pessimisme, ou moins de culpabilité. L'un des facteurs de confusion est l'apathie, qui touche jusqu'à 40 % des malades mais n’engendre pas de souffrance morale. Il est donc essentiel que le patient verbalise bien son ressenti », insiste le Pr Drapier.
Si la MP fait le lit de la dépression, l'inverse est aussi vrai. Tout comme les troubles bipolaires, une dépression tardive (après 55 ans) est associée à un risque accru de développer une MP. La dégénérescence neuronale pourrait l'expliquer. « La prise en charge de ces troubles psychiatriques est classique : psychothérapie, inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, antidépresseurs tricycliques, ou électroconvulsivothérapie pour la dépression. En cas d'épisode maniaque, il faut plutôt préférer le lithium (ou un autre régulateur de l'humeur) aux neuroleptiques. Toute la difficulté est de ne pas aggraver les troubles moteurs », conclut le Pr Drapier.
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