Fin de vie, prévention : du concret pour deux axes phares en santé publique

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Publié le 08/09/2023
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Le gouvernement doit présenter fin septembre le projet de loi sur la fin de vie et l'aide active à mourir. Quant à la prévention, la rentrée se veut offensive avec la vaccination HPV au collège ou encore le nirsévimab contre la bronchiolite.
L'Académie de médecine et l'Ordre des médecins ont réfléchi aux conditions dans lesquelles une assistance au suicide serait acceptable

L'Académie de médecine et l'Ordre des médecins ont réfléchi aux conditions dans lesquelles une assistance au suicide serait acceptable
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Vers quel modèle d'aide active à mourir la France cheminera-t-elle ? Le gouvernement devrait dévoiler fin septembre (à partir du 21) son projet de loi. Un engagement de campagne du Président, qui entend faire de l'amélioration de la fin de vie le marqueur sociétal de son second quinquennat, après l'ouverture de l'assistance médicale à la procréation à toutes, lors du premier.

Préparé sous l'égide d'Agnès Firmin Le Bodo, le projet prévoit trois volets : aide active à mourir, soins palliatifs et droits des patients et accompagnement du deuil. En un savant (et impossible ?) numéro d'équilibriste, il devrait aller au-delà d'un simple renforcement de la loi Leonetti-Claeys de 2016 et ouvrir « un nouveau droit pour les Français », assure la ministre chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, tout en garantissant aux médecins une clause de conscience spécifique.

La future loi devrait s'inspirer de l'avis 139 du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) de septembre 2022 et des conclusions de la Convention citoyenne d'avril 2023. Le corps médical ne parle pas d'une seule voix : si la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (Sfap) reste vent debout contre toute modification de la loi au motif que « donner la mort n'est pas un soin », l'Académie de médecine et l'Ordre des médecins ont réfléchi aux conditions dans lesquelles une assistance au suicide serait acceptable (pronostic vital engagé à court ou long terme, consentement, mineurs, place de la justice…). Quant aux patients, ils veulent se faire entendre, même si les divisions existent aussi au sein de France assos santé dont le président Gérard Raymond considère que « l'aide active à mourir est un soin ».

Bien moins polémique et plus technique devrait être la présentation, en décembre, de la stratégie décennale embrassant soins palliatifs, prise en charge de la douleur et accompagnement de la fin de vie, 2024-2034. L'une de ses priorités est de combler les lacunes en matière d'offre, alors que seulement la moitié des besoins sont pourvus, avec des manques criants à domicile et dans le médico-social. Première étape de cette stratégie, une instruction qui révise l'organisation décidée en 2008 a été diffusée aux agences régionales de santé (ARS) dès juillet.

Vaccination HPV des adolescents

Le gouvernement, dont l'objectif du plan cancer est d'atteindre les 80 % de couverture vaccinale contre le papillomavirus (HPV) chez les filles et les garçons à l'horizon 2030, muscle la campagne de vaccination des adolescents.

Les élèves en classe de 5e pourront recevoir, avec le recueil du consentement des parents, deux injections, l'une à l'automne et l'autre au printemps dans les collèges. Cette vaccination généralisée, gratuite pour les familles, est pilotée par les ARS. La Nouvelle-Aquitaine, qui lance le dispositif dès septembre, envisage de « vacciner 70 000 élèves de 5e », soit 80 % de la classe d'âge dans l'année. L'Occitanie, qui prévoit de commencer début novembre, vise 30 % des élèves concernés, ce qui correspond à 21 000 élèves. Un objectif proche de l'Île-de-France qui annonce un élève sur trois, l'effectif total étant plus important (150 000).

En complément, la campagne s'appuiera sur les acteurs de proximité que sont les pharmaciens d'officine, qui peuvent depuis cet été (10 août) prescrire et administrer les vaccins du calendrier à partir de 11 ans (comme les infirmiers et les sages-femmes).

Le nirsévimab chez les nourrissons

Dès le 15 septembre, tous les nourrissons nés à partir du 6 février 2023 pourront recevoir le nirsévimab (Beyfortus, laboratoires Sanofi/AstraZeneca), cet anticorps monoclonal dirigé contre le virus respiratoire syncytial (VRS), en prévention des bronchiolites. Autorisé en Europe depuis octobre 2022, le médicament qui s'administre en une injection intramusculaire unique, est indiqué chez tous les nourrissons sans facteur de risque de forme grave vivant leur première année d'exposition.

La Direction générale de la santé a précisé que le nirsévimab sera disponible « à partir de mi-septembre dans les établissements de santé et sur commande dans les pharmacies d'officine », et ce sans facturation aux familles. Il est préconisé que les bébés nés à partir du 15 septembre 2023 soient immunisés avant leur sortie de maternité, comme l'avait recommandé le Conseil national de pédiatrie (voir page 25).

Rendez-vous pour les 45-50 ans

La classe d'âge comprise entre 45 et 50 ans sera la première à bénéficier, à partir de l'automne, des nouveaux rendez-vous de prévention proposés par l'Assurance-maladie aux âges clés de la vie.

La loi de financement de la Sécurité sociale 2023 a institué ces rendez-vous de prévention à trois âges clés de la vie, autre promesse présidentielle. Les deux autres tranches d'âges, c'est-à-dire les personnes autour de 20 ans et autour de 60 ans, seront visées à partir de début 2024.

Les assurés volontaires rempliront un questionnaire (alimentation, addictions, activité physique, santé sexuelle) pour préparer le rendez-vous, qui pourra avoir lieu avec un médecin mais aussi avec une sage-femme, une infirmière ou un pharmacien. 

C.G. et I.D.

Source : Le Quotidien du médecin