L'obésité en gynécologie

Un état précancéreux ?

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Publié le 10/11/2016
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S’agissant des cancers gynécologiques et notamment du cancer de l’endomètre, il existe une relation linéaire entre incidence du cancer et obésité : 5 points de plus d’indice de masse corporelle (IMC) augmentent de 1,60 l’incidence de ce cancer.

De plus, une étude Australienne (1) a montré le rôle néfaste joué par les situations dites « yoyo » dans le cadre du cancer du sein.

Si pour les professionnels le lien entre le surpoids et le cancer est une réalité, un quart des patients ignorent la possibilité d’une telle relation. Une information adéquate auprès des patients devient nécessaire.

Une réalité dans le cancer de l’endomètre

La mortalité liée au cancer de l’endomètre est plus importante chez les obèses. En effet, une augmentation de 5 points de l’IMC multiplie par 6 la mortalité due au cancer de l’endomètre. Ainsi, bien qu’ayant la réputation d’être un « bon cancer », le cancer de l’endomètre tue davantage les obèses.

Une méta-analyse, publiée cette année (2), montre qu’une augmentation de 10 % de l’IMC est responsable d’une hausse de 10 % de la mortalité par le cancer de l’endomètre.

Cette situation a des conséquences importantes sur la prise en charge thérapeutique. En effet, les doses utilisées en chimiothérapie seront renforcées chez les patientes obèses. Pour la radiothérapie, les soucis viendront de difficultés de dosimétrie. Quant à la chirurgie, le risque de complications postopératoires ou anesthésiques semble évident.

Ni l’âge avancé, ni l’agressivité du cancer ne seraient responsables de la morbidité. Par contre, les comorbidités associées peuvent être en cause. En effet, 50 % des cancers de l’endomètre sont attribués à un excès de poids. Pour les cancers de type 1, le surpoids serait impliqué dans 80 % des cas (3).

Comment prendre en charge ce problème ?

Le moment de l’annonce du cancer est-il approprié pour parler d’amaigrissement ?

Contrairement aux idées reçues, ce serait effectivement un moment très favorable à l’éducation. D’ailleurs, l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) a édité des documents en ce sens destinés aux professionnels de santé et aux patients.

Dans ce cas, la Metformine pourrait avoir un rôle intéressant. Mais plus que tout, c’est vers la chirurgie bariatrique que se tournent les professionnels. En France, 40 000 interventions par an de chirurgie bariatrique sont réalisées. Néanmoins, dans le cas du cancer de l’endomètre, il ne s’agit pas d’une comorbidité améliorable par la perte de poids… du moins pour le moment.

Les quelques études existantes montreraient une diminution de la mortalité globale par cancer chez les patients opérés. Selon une étude rétrospective récente, la chirurgie bariatrique ferait diminuer de 81 % le risque d’avoir un cancer de l’endomètre en relation avec la perte de poids.

D’après l’intervention du Dr Patrick Lefevre. Département diabète endocrinologie nutritive, CHU de Montpellier.
(1) Nagle et al. 2013
(2) Secords A.A. 2016
(3) World Cancer Research Friend. 2009-2013

Dr Lydia Marié-Scemama

Source : Le Quotidien du médecin: 9533