De la vie in utero à l’âge de deux ans

Bien manger pour prévenir les maladies métaboliques à l’âge adulte

Par
Publié le 10/11/2016
Article réservé aux abonnés
BIEN MANGER

BIEN MANGER
Crédit photo : PHANIE

Ce que mange la mère au cours de la grossesse et de l’allaitement a un impact sur la santé future de l’enfant. Mais les comportements des femmes durant ces périodes sont-ils en adéquation avec les recommandations ? C’est à cette question qu’a voulu répondre l’enquête Nutrigrossesse 2015, enquête de terrain réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC) entre mai et novembre 2015 auprès de quelque 400 femmes enceintes (7e ou 8e mois) et 400 femmes allaitantes primipares.

La majorité des femmes (72 % des femmes enceintes et 69 % des femmes allaitantes) avaient suivi une préparation à la naissance. Les nausées, vomissement et constipation étaient des symptômes fréquents durant la grossesse, surtout au cours du premier trimestre, puisqu’ils ont concerné respectivement 59 %, 35 % et 45 % des femmes. Des conseils pour éviter la toxoplasmose et la listériose avaient été prodigués dans respectivement 97 et 86 % des cas, et très largement suivis (par 98 % et 96 % des femmes).

Deux tiers des femmes enceintes ont rapporté avoir eu des fringales, mais seules un quart avait reçu des conseils pour les éviter. Un déficit ou une carence en fer a été dépisté chez une femme sur deux. Deux-tiers des femmes enceintes ont bénéficié d’une supplémentation en fer et/ou en vitamine D, 54 % en vitamine B9.

Après la naissance, 38 % des femmes allaitantes ont déclaré être tentées par le suivi d’un régime alimentaire pour « retrouver la ligne », qu’elles envisageaient de débuter pendant l’allaitement dans 29 % des cas.

Comparativement à un panel de femmes de la population générale âgées de 17 à 42 ans, les femmes enceintes consomment davantage de fruits, de produits ultra-laitiers, et de plats composés, mais moins de sandwichs, de volaille et de viande. Pour une majorité de groupes alimentaires, les portions moyennes consommées sont plus faibles chez les femmes enceintes, qui sont plus nombreuses à suivre les recommandations concernant les fruits et légumes et les céréales. Elles boivent davantage d’eau, moins de boissons chaudes et de boissons alcoolisées. Leur apport énergétique total est en moyenne de 1927 kcal/jour, vs 1 824 kcal/jour dans la population générale (p < 0,05). Les femmes enceintes ont notamment un apport plus élevé en glucides simples et en fibres. Les apports en acides gras mono-insaturés sont en moyenne de 24,9 g/j et donc inférieurs aux recommandations (45,5 g/j, Afssa 2001). Les apports en acides gras essentiels sont également en deçà des recommandations, tout comme ceux en vitamine D, B1, B5, B0, E, fer et zinc.

Après la naissance, un allaitement maternel exclusif de 6 mois est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. Toutefois, les arguments convergent pour souligner les bénéfices à diversifier l’alimentation du nourrisson entre 4 et 6 mois afin de réduire le risque d’allergies. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF, RPC post-partum) préconise ainsi un allaitement maternel exclusif et prolongé de 4 à 6 mois.

En France, le taux d’initiation de l’allaitement maternel est de 70 %, la médiane de durée totale de l’allaitement de 15,5 semaines et celle de l’allaitement exclusif de 3 à 7 semaines. A 6 mois, moins de 20 % des nourrissons sont encore allaités.

Le CNGOF rappelle les bénéfices de l’allaitement maternel pour l’enfant (aliment le plus adapté à ses besoins, moindre fréquence des atopies, des maladies infectieuses, des morts subites et à plus long terme des maladies cardiovasculaires et du diabète, et meilleur développement cognitif ) et pour la mère (prévention des cancers du sein, moindre rétention des kilos de grossesse, moins de dépression du post-partum).

Le profil des femmes qui allaitent n’a pas évolué au cours des dernières décennies: femme de plus de 25 ans, sans surpoids, non fumeuse, avec un niveau d’études élevé, qui a un emploi à un poste qualifié. Le CNGOF préconise de cibler la promotion de l’allaitement maternel vers les femmes ayant un profil sociodémographique moins favorable.

D’après Anne Chantry (Paris), Isabelle Monier (Clamart), Louis Marcellin (Paris)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9533