Dans le prurigo chronique

Des nouvelles voies thérapeutiques à l'étude

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Publié le 14/03/2019
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prurigo

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Crédit photo : Phanie

Alors que les formes aiguës de prurigo, souvent d'origine ectoparasitaire, concernent plutôt les enfants, les formes chroniques touchent plus volontiers les adultes, exception faite des prurigos survenant dans certaines formes d'eczéma atopique.

Également appelé prurigo nodulaire de Hyde, le prurigo chronique est de définition imprécise, ce qui a conduit un panel d'experts européens à se saisir de cette question afin de proposer à terme une définition admise par tous. Sa physiopathogénie est également mal précisée, peut être en lien avec des anomalies neurologiques périphériques. Il touche classiquement la femme de plus de 40 ans et se manifeste par des lésions nodulaires violacées, de topographie évocatrice car il touche les zones accessibles au grattage et épargne donc le milieu du dos. Il y a un véritable cercle vicieux avec des lésions qui entraînent un prurit qui lui-même entraîne des lésions de grattage.

Le diagnostic différentiel n'est pas toujours aisé, notamment avec des nodules scabieux ou un lichen plan hypertrophique.

Un bilan de prurit

Face à un prurigo chronique d'évolution récente, comme pour un prurit sine materia, un bilan minimum s'impose (biologique et radiologique) afin de ne pas méconnaître une cause sous-jacente, telle qu'une hémopathie, en particulier un lymphome de Hodgkin, ou une immunodépression (primo-infection par le VIH).

On reconnaît certaines formes particulières de prurigo chronique. Le prurigo gravidique, ou éruption polymorphe de la grossesse, qui touche une femme enceinte sur 200 environ, surtout au troisième trimestre d'une première grossesse. L'éruption débute en péri-ombilical sur les vergetures et peut se généraliser.

Le prurigo actinique où les lésions photodistribuées peuvent laisser des cicatrices et le prurigo pigmentosa avec des lésions pigmentées séquellaires sur le tronc.

« Sa prise en charge est peu codifiée, rapporte la Dr Aurélie Du-Thanh, dermatologue au CHU de Montpellier. On utilise en première intention des traitements topiques, dermocorticoïdes ou préparations à base de capsaïcine, qui saturent les récepteurs TRVP1 ».

En cas d'échec, le traitement systémique fait appel au méthotrexate à faible dose ou au thalidomide pour son action neurologique périphérique.

D'autres approches sont à l'étude : recours à la gabapentine, à l'aprépitant (anti-émétique de la classe des antagonistes de la substance P) ou encore au dupilumab, anticorps monoclonal anti IL4-IL13 depuis peu utilisé dans la dermatite atopique. « On attend beaucoup du nemolizumab, un anticorps monoclonal anti IL-31 qui cible plus spécifiquement le prurit », conclut la Dr Aurélie Du-Thanh.

Dr Aurélie Du-Thanh, dermatologue CHU Montpellier

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9732