« Le Sommeil » est le fil Orange du congrès CPLF, qui y consacrera une dizaine de sessions. Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) est en effet un problème de santé publique majeur en raison de sa forte prévalence (un milliard de personnes dans le monde) et de ses nombreuses conséquences sur la santé, mais également socioculturelles.
Si l’association entre le SAHOS et les pathologies cardiovasculaires (hypertension, insuffisance cardiaque…) est aujourd’hui assez bien intégrée par les praticiens, l’association avec les pathologies métaboliques et endocriniennes l’est moins et, encore moins, celle avec les pathologies ophtalmologiques… « Il faut être vigilant pour nos patients et savoir à quel moment les diriger vers le bon spécialiste et inversement… un patient qui présente une névrite optique ischémique antérieure aiguë a, dans la plupart des cas, un syndrome d’apnées du sommeil, les ophtalmologues le savent... », explique le Pr Renaud Tamisier (CHU Grenoble).
Il a aussi été observé que la présence d’un SAHOS est un facteur de risque qui fragilise le patient Covid +, favorise l’apparition d’une forme plus sévère et le risque d’aller en réanimation.
D’autres sessions sont consacrées au lien entre le SAHOS et les pathologies respiratoires : BPCO, asthme et fibrose pulmonaire. « En cas de syndrome d’apnées du sommeil, un processus fibrosant est retrouvé dans plusieurs organes (poumon, myocarde, foie). Cela serait dû à la mise en jeu de mécanismes favorisants le processus de fibrose, par l’hypoxie intermittente, explique le Pr Tamisier. Quant au risque oncologique, il reste discuté. Le SAHOS pourrait, à cause de l’hypoxie qu’il entraîne, augmenter la rapidité de la croissance tumorale. »
L’importance des cohortes
Le syndrome d’apnées du sommeil reste un défi clinique, chez des patients présentant de multiples comorbidités. Les données issues de cohortes francophones et européennes permettent une caractérisation plus précise des patients et de leurs prises en charge. Parmi les cohortes en vie réelle dont les dernières données seront présentées au congrès : HypnoLaus, Proof (évaluation prospective de l’activité du système nerveux autonome comme indicateur pronostique d’évènements cardiovasculaires et cérébrovasculaires), Face (population d’insuffisants cardiaques chroniques avec troubles respiratoires du sommeil, éligibles à la ventilation auto-asservie [VAA]), Facil-VAA (patients avec SAS central pris en charge par VAA).
Ces cohortes permettent une identification de différents phénotypes, et participent à la mise en place d’une médecine personnalisée. « À l’exception des patients ayant des symptômes et une pathologie sévères, le défi majeur auquel nous devons faire face aujourd’hui est de diagnostiquer les patients ayant un SAS modéré qui, pour certains, nécessiteront un traitement par orthèse d’avancée mandibulaire ou PPC et qui vont en bénéficier, souligne Pr Tamisier. Dans bien des cas, pour ces patients modérés, souvent en surpoids, la prise en charge repose d’abord sur l’amélioration de l’hygiène de vie par la perte de poids, l’activité physique… L’enjeu est d’améliorer la capacité de diagnostic, non pas en termes d’index d’évènements respiratoires, mais en allant vers une meilleure connaissance des patients, de leurs symptômes, de leurs plaintes, de leur contexte de vie… ».
Exergue : Le diagnostic et la prise en charge des patients présentant des formes modérées restent un enjeu majeur
Entretien avec le Pr Renaud Tamisier (CHU Grenoble)
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